La juge des référés du tribunal administratif de Rennes a suspendu, ce lundi 30 juin 2025, trois des quatre arrêtés préfectoraux qui avaient accordé de nouvelles dérogations aux agriculteurs bretons pour tirer sur les choucas des tours, accusés de se livrer à des attaques massives sur les cultures.
Les arrêtés pris en mai 2025 dans le Finistère, le Morbihan et les Côtes-d’Armor avaient, en effet, été contestés par trois associations de protection de l’environnement. Bretagne Vivante – SEPNB, One Voice et la Ligue de protection des oiseaux (LPO) avaient relevé que, dans ces trois départements, respectivement 35,7 %, 36,7 % et 65,5 % de la population de ces oiseaux, classés comme espèce protégée, avait été tuée depuis quatre ans.
« L’efficacité des prélèvements pas démontrée »
« Les prélèvements […] n’interviennent qu’en ultime recours, dans le cas où les dégâts sont insurmontables pour l’agriculteur, minimisait la préfecture du Finistère, devant la juge rennaise. L’exécution en urgence de l’arrêté est justifiée par rapport à son objectif, à savoir la lutte contre les dégâts agricoles […] qui interviennent principalement de mai à juillet. »
Aucune des solutions alternatives, qui sont testées depuis 2021, n’apparaît, par ailleurs, satisfaisante aux yeux des services de l’État pour faire face à ces attaques massives de choucas. Mais « l’efficacité des prélèvements […] pour prévenir les dommages importants aux cultures n’est, elle-même, pas démontrée, en raison des fortes capacités de dispersion et d’adaptation de l’espèce », objecte la juge des référés du tribunal administratif de Rennes, dans une ordonnance en date du 30 juin 2025, qui vient d’être rendue publique.
Les initiatives de l’État restent « très limitées »
À l’inverse, une étude a été réalisée, en mars 2022, par l’université de Rennes, à la demande des services de l’État, souligne-t-elle. Elle concluait que les deux paramètres principaux, qui sont à l’origine de la dynamique démographique des choucas des tours, sont « la disponibilité en substrats de nidification » et « la disponibilité en ressources tropiques de qualité ». Dans ces conditions, l’obstruction des cheminées par du grillage et une limitation de l’accès aux ressources agricoles apparaissent comme des solutions au problème.
La diminution de la disponibilité en maïs en hiver, notamment autour des bâtiments et silos agricoles, est considérée comme un enjeu central par le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN). Or « les initiatives lancées par les services de l’État sont encore, à ce jour, restées très limitées », note la juge. Une seule expérimentation de l’engrillagement des cheminées a été menée dans la commune de Mellac (29), en 2021, et les recommandations agronomiques ont été testées sur quelques sites seulement…
L’arrêté d’Ille-et-Vilaine pas censuré
Au final, seul l’arrêté du préfet d’Ille-et-Vilaine a échappé à sa censure : il prévoyait la destruction de 3 % maximum des 8 346 couples reproducteurs de choucas des tours, dénombrés dans le département. Aucune atteinte suffisamment grave n’est donc portée aux intérêts défendus par les associations de défense de l’environnement.
Le tribunal administratif de Rennes réexaminera la légalité de ces quatre arrêtés par le biais d’une formation collégiale de trois juges, mais pas avant dix-huit mois à deux ans désormais.