Ces derniers temps, les esprits ont tendance à s’échauffer du côté des locataires de Toulon Habitat Méditerranée (THM). En cause, une hausse des charges, pour certains si conséquente qu’elle a provoqué une grogne collective dans plusieurs quartiers de l’aire toulonnaise. Cette réévaluation incomprise (1) a aussi agi comme un révélateur des conditions dans lesquelles vivent certains d’entre eux (lire nos précédentes éditions).

À leur tour, des habitants du Mont des oiseaux, cette cité de près de 240 logements profitant d’une belle situation dans les hauteurs de La Seyne, à quelques encablures de la corniche Michel-Pacha, ont voulu nous montrer leur « environnement qui se dégrade ». Ici, plusieurs niveaux d’insatisfaction cohabitent.

Moisissure et mauvaises odeurs

En nous faisant entrer dans son appartement, cette femme veuve avec un handicap crie littéralement « à l’abandon ». S’excusant pour le désordre, elle nous montre les taches de moisissure aux murs qu’elle ne repeint plus et assure avoir eu, comme ses enfants, des problèmes de santé liés à l’humidité ambiante. Les branchements électriques dans la cuisine sont d’un autre temps… Elle nous conduit ensuite dans la salle de bains où la douche vient d’être entièrement refaite: « Mais ce n’est pas THM qui a fait les travaux… Vous auriez vu dans quel état c’était avant! Ça faisait des années que je demandais une salle de bains propre… Alors j’ai fini par faire appel à des amis. Par contre, le jour où je pars d’ici, je casse tout, je ne leur laisse rien! », peste-t-elle.

Si son bâtiment est épargné par les mauvaises odeurs, dans d’autres, elles sont permanentes. « On nous explique qu’il y a une fuite dans le vide sanitaire, mais personne n’arrive à la réparer, désespère cet habitant du premier étage. Du coup, un voisin au rez-de-chaussée, aux premières loges, laisse le hall ouvert en permanence »…

Des balcons à reprendre

Autre doléance: un peu partout, des balcons fissurés semblent vouloir se faire la belle, doucement mais sûrement. « Il y en a un paquet comme ça », témoigne un locataire. « Ils sont venus en réparer un, un jour, et depuis plus rien. On nous a dit qu’il n’y a pas les sous… » Cette dame pointe l’appartement où vit sa mère de 81 ans: « Quand il pleut, ce sont des seaux d’eau qui rentre dans le salon. C’est tellement dangereux! Il y a bien eu une intervention, mais ça n’a rien changé. »

Une mère de famille subit depuis longtemps une infiltration dans la salle de bains, au septième et dernier étage. « a a commencé avant le Covid… ça a mis du temps pour que quelqu’un monte enfin voir sur le toit. Apparemment, c’est la faute des gabians qui ont abîmé le revêtement. Voilà, on sait d’où ça vient… Et la fuite est toujours là! »


Le bitume est pointé du doigt comme des fissures sur les balcons. .

Beaucoup râlent aussi sur le ménage et l’entretien des espaces verts, « rare » et « pas très bien fait ». Depuis sa chambre, Olivier apprécie de voir des arbres, mais pas de là à pouvoir toucher les branches depuis son petit balcon: « S’il y a un incendie, mon logement est en première ligne! »

Comme d’autres résidents du Mont des oiseaux, ce travailleur social reconnaît que « notre cité est loin d’être la plus problématique de l’aire toulonnaise. L’environnement est agréable, les rapports de voisinage sont plutôt cordiaux, les jeunes ont un city stade pour se retrouver… » Mais beaucoup font le constat « d’un véritable laisser-aller depuis plusieurs années », avec « beaucoup de rafistolage en guise d’interventions, ce qui coûte très cher et qui, au final, ne résout rien ».

« Regardez, nous interpelle un retraité en voyant un artisan occupé à remplacer un pan de carrelage mural à l’entrée d’un immeuble. Vous croyez franchement que c’est une priorité ça? Ils feraient mieux de refaire la route, certains y ont laissé leur voiture de nuit, tellement elle est cabossée! »

« On est juste des numéros »

Olivier a l’impression qu’il n’y a « plus d’écoute », que « les locataires sont pris pour des numéros qui ne connaissent pas leurs droits et à qui on n’explique rien ». Sur l’augmentation de charges en l’occurrence: lui aimerait bien comprendre pourquoi il a reçu une facture de chauffage salée… alors qu’il jure ne pas l’avoir allumé de tout l’hiver, par souci d’économie! « Le pire, c’est qu’on nous a récemment installé des appareils sur chaque radiateur pour calculer notre consommation personnelle. J’ai donc la preuve que je n’ai rien consommé… Ça ne mérite pas une explication? » Et de résumer les attentes, ici: « Ce qu’on demande, c’est vivre dans un endroit propre, décent et sécurisé, avec des charges qui correspondent à un service réel… Et un minimum de considération. Si le mot social veut encore dire quelque chose… »

(1) La direction de THM a récemment déclaré à Var-matin: « Il se peut qu’il y ait des problématiques sur certaines régularisations. Nous proposons donc d’analyser les situations au cas par cas et nous invitons les locataires rencontrant des écarts inhabituels à venir nous voir en juillet. »