En se baladant au Pouldu, sur le chemin de la côte, impossible de passer à côté des panneaux installés le long de notre randonnée. Il y en a 19, montrant des tableaux de Paul Sérusier, Charles Filiger, mais celui qui ressort n’est autre que Paul Gauguin. Ultime référence à cette maison qui porte son nom, juste à côté de la Buvette de la plage. Gauguin y a posé ses valises au XIXe siècle, loin de la foule de Pont-Aven.
« J‘aime la Bretagne, j’y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j’entends le son sourd, mat et puissant que je cherche en peinture ». C’est de cette façon que Paul Gauguin décrivait la Bretagne en 1888. Alors, aujourd’hui, en partant de cette phrase, plus d’une centaine d’années après son passage au Pouldu, que reste-t-il de lui ?
Des touristes venus de loin
C’est lors d’une après-midi ensoleillée, lunettes de soleil sur le front et crème solaire dans le sac, que l’on aperçoit un couple en tenue de randonnée près de la Buvette de la plage.
« Nous sommes à la moitié du Chemin des peintres », confie le duo belge, venu en vacances ici. « Nous sommes passés par Pont-Aven, avant d’arriver au Pouldu, spécialement pour Gauguin ». Les touristes restent impressionnés par ses œuvres, mais regrettent que le centre d’interprétation soit encore en travaux. Les voilà repartis pour le Chemin des peintres. À la poursuite des paysages qui ont inspiré les artistes venus ici. Du côté du bar de la plage, David Coquelet, le gérant, confie ne pas avoir de retour des clients sur le centre, pourtant voisin à son établissement. « On espère que la saison estivale et la réouverture vont attirer plus de monde », ajoute-t-il. Une ouverture qui devrait ravir les amateurs d’art comme les plus spécialisés.
À quelques pas de là, un atelier d’artiste. La Doëlanaise attire l’œil avec ses œuvres colorées. Cécile Ollier, artiste du lieu, propose des tableaux et des illustrations inspirés de la mer. « C’est magique de se dire qu’un artiste comme Gauguin a marché sur ce sol », livre Cécile qui, pourtant, ne s’inspire pas directement de Gauguin dans ses œuvres. Beaucoup de ses visiteurs lui font part de leurs passages à Pont-Aven et de leur passion commune pour l’art comme une façon de se retrouver. L’intérêt pour Gauguin au Pouldu se manifeste également à travers les paysages eux-mêmes. Malgré leur évolution à travers le temps, ils conservent la lumière et les couleurs avec lesquelles ils ont été peints.
Le Chemin des peintres, inauguré en 2003, est jalonné de 19 panneaux explicatifs. Il est une galerie à ciel ouvert et une invitation à voir le Pouldu avec les yeux des artistes qui l’ont arpenté, comme Gauguin.
La Maison Marie-Henry, aujourd’hui Buvette de la plage, est un point d’ancrage historique et un témoin des séjours de Gauguin. Elle est voisine au centre d’interprétation, qui rouvrira ce dimanche 6 juillet, après des travaux de grande ampleur : un chemin immersif, de nouveaux tableaux et une envie d’emmener le public au plus proche du peintre. Des ateliers avec des élèves de tout âge seront organisés.
La force de Gauguin dans le territoire pèse sur sa capacité à rassembler et à unifier à travers les générations. Comme ce couple belge, prêt à parcourir des kilomètres pour retrouver cet artiste. Mais aussi les futurs élèves qui viendront ici sur les pas de Gauguin.