VISITE – La créatrice de Sézane et de la ligne maison Les Composantes a su marier dans un appartement parisien sa passion pour le vintage et pour les arts. Résultat : un lieu unique, élégant et chaleureux.
«Dans la vie, je cherche l’harmonie en toute chose. C’est mon moteur», souffle avec douceur Morgane Sézalory en nous accueillant dans son appartement de la rive gauche à Paris. Et cette harmonie est, en effet, au cœur de ce magnifique espace. Tout semble évident, élégant. Et pourtant unique. La singularité de ce lieu est, sans aucun doute, liée aux pièces vintage, tables, bureaux, armoires… choisies et disposées avec soin. «Je chine tout le temps, sur les plateformes, chez les antiquaires, aux marchés Paul Bert et Serpette, dans les salles de vente comme Drouot, et partout où je vais, raconte-t-elle. J’étais il y a quelques semaines à Los Angeles, et j’ai expédié du mobilier ancien par bateau. J’achète au coup de cœur, surtout pas en pensant spécifiquement à un endroit. Comme j’adore la déco, je sais que je trouverai une place chez moi, dans une boutique, dans nos bureaux… J’ai aussi un hangar où je peux stocker.» Dans la petite antichambre qui mène à la suite parentale, elle a ainsi installé une armoire qui a longtemps attendu son heure… «Elle a passé quatre ou cinq ans dans nos bureaux, et je savais qu’un jour elle serait en majesté quelque part. Et c’est ici. J’ai cherché le papier peint qui s’accorde avec elle. Je suis comblée quand, tout d’un coup, les choses s’assemblent parfaitement.»
Pour imaginer de belles partitions, la fondatrice de la marque Sézane peut s’appuyer sur sa capacité à composer avec les couleurs, les volumes et les matières. Un talent qui a fait son succès dans la mode et qui est aussi un atout pour concevoir les collections d’art de vivre de sa ligne Les Composantes. «La déco est la continuité de ma garde-robe. Lancer Les Composantes était une façon de compléter l’univers de Sézane, mais c’était avant tout un projet plaisir. À force d’agencer mes points de vente, mes lieux de travail et de vie, et parfois ceux de mon entourage, j’ai souhaité créer des luminaires, des coussins… dont j’avais envie, avec le niveau de qualité que je cherchais et que je ne trouvais pas, et également proposer du mobilier, de la vaisselle, des accessoires chinés. Pour définir Les Composantes, nous avons cette formule qui marche bien : “Objets trouvés d’hier et d’aujourd’hui”». Des mots qui siéent aussi parfaitement à cet appartement où flotte une atmosphère contemporaine empreinte de références au passé. «J’aime le charme de l’ancien. Si on respecte l’histoire, il n’y a pas grand-chose à faire pour installer une ambiance. Ici, par exemple, les grandes portes vitrées qui séparent l’ancienne salle à manger devenue cuisine et le salon sont déjà tellement belles qu’elles ne nécessitent pas de gros changements.»
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Chaque détail attire l’œil
Si Morgane a su utiliser l’existant, elle a tout de même totalement repensé la destination des pièces. Finie la cuisine sombre, tout en longueur, éloignée de la salle à manger. Ces mètres carrés ne correspondant plus aux usages actuels ont permis de créer une suite parentale constituée d’une vaste chambre avec un bureau, d’une salle de bains, d’un dressing, de toilettes. Où cuisine-t-on désormais ? Dans l’ancienne salle à manger, où l’on peut aussi s’attabler. «C’est un peu l’endroit où tout a commencé. J’avais envie d’une cuisine où tous les éléments techniques étaient invisibles. J’ai donc conçu un grand meuble en bois qui court le long du mur du fond pour accueillir les équipements, la vaisselle… Il résume tout ce que j’aime, soit conjuguer l’esthétique et le pratique. Je me suis dit que la nuance du bois utilisée serait parfaite avec du vert. J’adore le vert, tout comme le marron, le mordoré. Et c’est cette teinte qui a guidé mon choix de papier peint pour le couloir, notamment.»
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Ici, chaque détail attire l’œil et inspire. Le somptueux trumeau d’origine, dont le cadre a été peint en vert comme le mur, a été conservé, surplombant l’évier, seul élément apparent évoquant la fonction de cette pièce. Les cloisons avec leurs moulures dissimulent des placards secrets. Une banquette d’angle, d’iconiques fauteuils de Warren Platner pour Knoll entourent une table dont le plateau et le pied révèlent un impressionnant travail d’ébénisterie. «Je l’ai trouvée aux Puces. Comme elle est assez massive, elle ne pouvait pas aller partout, mais ici, elle est parfaite.»
Ce mélange des genres se retrouve dans le salon, où des poufs en paille Cabana dialoguent avec des rideaux en tissu Dedar, une table basse ancienne initialement haute, mais que Morgane a amputé avec justesse, et un canapé conçu sur mesure. «Je ne suis pas designer, donc je ne sais pas dessiner un meuble. En revanche, je suis capable de le construire avec de la mousse, du carton pour, ensuite, le faire réaliser.» La tête de lit témoigne aussi de ses compétences. Et de son attention aux éléments fonctionnels, comme les prises intégrées. «Un meuble, c’est comme un vêtement, on vit avec. Il faut donc qu’il rende l’existence facile et agréable.»
Le grand placard en miroir qui accueille le visiteur rend sans aucun doute le quotidien plus simple. «Il semble avoir toujours été là. Eh bien, non ! Initialement, il y avait un couloir inutile. Le seul charme était une fenêtre avec des vitraux qui donnait malheureusement sur une minuscule cour aveugle. J’ai eu du mal à prendre cette décision, mais j’ai choisi de renoncer à ces vitraux pour intégrer ces rangements en miroir qui répercutent la lumière et créent un passage plus chaleureux. D’autant que j’ai ajouté des arches qui, elles aussi, cassent le côté linéaire.» Après avoir passé huit mois à mener un chantier, Morgane regrette presque de ne pas redéménager ! «Rien n’est jamais définitif avec moi. J’adore bouger. Mais là, je me sens vraiment bien. Cependant, je n’aime pas l’idée que tout soit terminé. C’est pour cela que j’ai du mal à accrocher les œuvres d’art, tableaux, photos, dessins… que je collectionne. Ils sont posés. J’ai ainsi le sentiment que je peux faire évoluer les choses.» Le mouvement, voilà en plus de l’harmonie, le moteur de Morgane Sézalory et, sans doute, le secret de son succès.