C’était un peu monté dans les tours vendredi 27 juin, lors de l’arrivée des caravanes à Saint-Laurent-du-Var. Un agriculteur s’était accroché verbalement avec quelques membres de la communauté des gens du voyage pour une histoire de courgettes et de citrons… mais depuis, tout est rentré dans l’ordre. Les caravanes qui étaient installées entre deux champs de fleurs de courgettes ont changé de place et le tuyau d’arrosage qui avait été endommagé a même été remplacé.

« Je voudrais remercier la communauté, car tout s’est bien passé, le dialogue a été constant », indique sur place le sous-préfet de Grasse, Jean-Claude Geney, ce lundi 30 juin. Il a également tenu à remercier la commune de Saint-Laurent-du-Var – malgré son action en justice contre la réquisition des terrains – et les services de la Métropole qui ont fait « un travail remarquable » – en dépit du communiqué au vitriol de cette dernière publié samedi 28 juin.

« Les gens du voyage ont des devoirs, mais ils ont aussi des droits »


Le sous-préfet de Grasse, Jean-Claude Geney, a tenu une conférence de presse à l’intérieur du campement, invité par la communauté des gens du voyage, et en présence de l’agriculteur limitrophe. Photo Ro. B. Photo Ro. B..

« Les gens du voyage ont des devoirs, mais ils ont aussi des droits, a d’abord insisté le sous-préfet. La loi dit qu’ils ont le droit de pouvoir stationner dans les communes de plus de 5.000 habitants et, lors des grands rassemblements, de pouvoir stationner dans chacun des départements en France. Mais dans les Alpes-Maritimes, il n’y a rien de prévu. Donc le préfet est obligé de réquisitionner un terrain. »

Il est ensuite revenu sur le nombre de caravanes présentes – la Métropole affirmant qu’il y en avait plus que prévu. « Oui, les pouvoirs publics avaient annoncé 120 caravanes, et oui, il y en a 200 sur le terrain. On pourrait croire qu’on s’est fait enfumer, mais c’est là qu’on voit qu’il y a une méconnaissance dans ce département des traditions et de l’organisation des gens du voyage. Car une famille avec une caravane principale a très souvent une petite caravane en plus, qui sert de cuisine ou de chambre pour les enfants. […] Donc la communauté a parfaitement respecté les termes du contrat, et le préfet n’a absolument pas le sentiment de s’être fait avoir. »

Enfin, concernant la quinzaine de caravanes installées entre deux champs de fleurs de courgettes sur une parcelle d’Henri Garnier: problème résolu. « C’était un peu chaud, avoue le sous-préfet, mais les choses ont fini par s’apaiser, notamment grâce à l’association Soliha, qui a parfaitement joué son rôle de médiateur. Les caravanes ont quitté la parcelle dimanche soir vers 20 heures. » Avant de lancer une petite pique à la cantonade. « La mise en conformité s’est donc opérée en moins de 36 heures… J’aimerais, dans ce département, que la mise en conformité au regard de la loi de 2000 se fasse aussi rapidement. »

« On n’est pas là pour porter préjudice à qui que ce soit »

Malik Benkerri, pasteur et trésorier de la Mission évangélique des Tziganes de France Vie et Lumière, a également tenu à remercier les institutions, tout en présentant ses excuses à l’agriculteur Henri Garnier. Parti d’Orléans, il fait une tournée de trois mois dans le sud de la France pour aller à la rencontre de sa communauté. « Nous, on n’est pas là pour porter préjudice à qui que ce soit, on est là avant tout pour apporter l’Évangile à nos familles qui sont loin de Dieu et tenir nos jeunes gens. On veut que tout se passe pour le meilleur et on a un très grand respect pour la République. »

Henri Garnier, qui cultive donc des citrons et des fleurs de courgettes dans les parages, a également joué l’apaisement, remerciant les gens du voyage d’avoir évacué sa parcelle. Tout en regrettant une nouvelle fois l’absence de barrière pour délimiter les emplacements. « Excuses acceptées, a-t-il finalement lancé jovialement à Malik Benkerri. Et si on n’a pas bu le café hier ou aujourd’hui parce que j’étais très occupé, on pourra le boire avec plaisir demain, ou même un pastis d’ailleurs! »

Les gens du voyage seront accueillis du 3 au 27 juillet à Cagnes

Cent caravanes et soixante-dix familles des gens du voyage pourront venir s’installer à Cagnes-sur-Mer. Un terrain communal, situé en bas du domaine du Loup, vers Villeneuve-Loubet – le terrain du Moulin du Loup – a été réquisitionné par la préfecture. Il s’agit du même que celui habituellement utilisé.

Les personnes concernées pourront donc venir faire une halte du jeudi 3 au dimanche 27 juillet. C’est l’État qui va prendre en charge le raccordement à l’eau et à l’électricité afin de garantir des conditions sanitaires adéquates. La Ville assure que les gens du voyage se sont engagés à remettre les lieux en l’état après leur départ. Pour mémoire, cet accueil est prévu par une loi du 5 juillet 2000.