A la descente du train en provenance de Marseille, arrivé avec 25 minutes de retard suite au blocage de la plate-forme pour permettre aux personnes à mobilité réduite de monter à bord, un petit comité d’accueil de cheminots syndiqués attendait la délégation pour faire part de ses inquiétudes face à cette ouverture à la concurrence. Un premier retard qui n’inquiète pas les élus dans cette période de réglages. «Nous sommes depuis 25 ans en Allemagne dans les trains régionaux, et nous sommes aujourd’hui le premier opérateur privé, veut rassurer Thierry Mallet, le PDG de Transdev. Nos équipes sont prêtes et fières d’être au rendez-vous de ce changement historique.»
Le cadencement avec un doublement de l’offre
Depuis le début de la commercialisation par Transdev, le 12 mars dernier, plus de 100 000 billets ont été vendus, soit une hausse de 40%. Cette ligne relie en 2h40 Marseille-Saint-Charles à Nice en passant par Toulon, Carnoules, Les Arcs Draguignan, Saint-Raphaël, Cannes et Antibes. Le premier train a circulé dimanche 29 juin, mais ce n’est que le lendemain qu’a donc eu lieu le voyage inaugural avec un départ de la gare Marseille-Saint-Charles prévu à 14h53.
Les engagements de Transdev sur ce contrat d’environ 870 millions d’euros sur 10 ans – en intégrant 300 millions d’euros pour l’achat des rames et le centre de maintenance – ne seront pas faciles à tenir. L’objectif est de 97,5% de taux de régularité, sans quoi les pénalités imposées par la région seront conséquentes. A cela s’ajoute un taux d’annulation de 2% maximum, a rappelé Renaud Muselier. Surtout, l’opérateur a adopté le cadencement avec un train toutes les heures, ce qui permet un doublement du trafic avec 14 allers et retour par jour – 16 le week-end -, le tout avec des rames neuves.
Toutes les rames neuves livrées d’ici novembre
Enfin, neuves, pas tout à fait. Alstom n’a livré que neuf des seize rames Omneo Premium à deux niveaux avec une capacité de 400 places, commandées par l’entreprise franco-allemande. Si le constructeur français a promis de livrer les dernières rames d’ici à l’automne, il a fallu louer les rames manquantes à SNCF Voyageurs dans d’autres régions pour assurer le service dès le 29 juin. Avec un centre de maintenance à Nice, une équipe est totalement dédiée à cette ligne. Elle compte 214 salariés polyvalents. Seuls 31 salariés de la SNCF ont suivi Transdev qui a donc recruté massivement.
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) est donc la première à mettre des lignes régionales en concurrence avec un appel à manifestation d’intérêt lancé en février 2018. Plus de trois ans plus tard, Transdev était désigné pour cette ligne régionale, tandis que la SNCF conservait le réseau Azur autour de Nice. Entre temps, le groupe dirigé par Thierry Mallet est devenu privé. L’opérateur est majoritairement allemand après la publication au journal officiel, le 21 juin dernier, d’un arrêté autorisant le rachat par Rethmann de 32% du capital détenu par la Caisse des dépôts. A ce jour, le groupe allemand détient 66% du capital contre 34% pour la Caisse des dépôts.
Depuis l’ouverture à la concurrence, la SNCF a remporté sept des dix lots attribués. En 2027, la ligne Nancy-Contrexéville sera exploitée également par Transdev, alors que la RATP a gagné le tram T12-T13 en Île-de-France.