Couleurs vives ou pastel, détails rétro, charmante bizarrerie et look de petit génie… À l’heure où la Cinémathèque de Paris lui consacre une exposition, on (re) découvre le style cool et jubilatoire du réalisateur de The Grand Budapest Hotel.
Ce n’est pas un hasard si l’exposition consacrée à Wes Anderson a ouvert ses portes le 19 mars, soit deux jours avant l’arrivée du printemps. Comme les premiers rayons de soleil qui réchauffent les cœurs et les humeurs, revoir l’ensemble de sa filmographie à travers ses dessins, décors reconstitués, objets fétiches et costumes – la plupart imaginés par Karen Patch et la légendaire productrice Milena Canonero – fait un bien fou au moral. Pourquoi ? Parce que son style à la fois vintage, barré, pop, étudié mais nonchalant donne furieusement envie de remettre un peu de poésie, de cool, de couleurs et une part d’enfance dans nos dressings, et dans nos vies. Comment s’en inspirer ? Tour d’horizon à travers sept de ses films iconiques.
Preppy toqué comme dans Rushmore (1998)
Jason Schwartzman dans Rushmore (1998).
Presse/La Cinémathèque française
À Rushmore, une très chic école privée, Max Fisher détonne. Grandes lunettes à montures épaisses, blazer bleu marine avec écussons et pin’s, cravate à rayures et béret d’étudiant diplômé surdimensionné… Max, le héros du film, est policé mais décalé, cool – avec ses baskets – mais soigné avec son uniforme formel. Touchant également avec son côté intello qui cherche à rentrer dans l’âge adulte sans renier sa part d’enfance. L’imiter, c’est se trouver son propre uniforme de grande personne mais toujours mixer ce dernier avec quelques touches d’excentricité qui démontre que l’on n’a rien perdu de ses années rebelles.
Sporty chic comme dans La Famille Tenenbaum (2001)
La Famille Tenenbaum
Stéphane Dabrowski/La Cinémathèque française
La garde-robe vintage de cette famille d’excentriques désaxés, de génies ratés, a inspiré bon nombre de créateurs dont Alessandro Michele chez Gucci. Chez les Tanenbaum, il y a d’abord et surtout Margot Tenenbaum (Gwyneth Paltrow) en manteau de fourrure Fendi (ça tombe bien, ce look âge d’or du vison fait son grand retour partout dans des imitations), robe polo rayée Lacoste, ballerines plates, gants roses, sac Birkin porté au creux du coude et coupe au carré avec grande barrette colorée sur le côté. Il y a aussi Chas (Ben Stiller ) en survêtement rouge vintage Adidas à trois bandes et Richie (Luke Wilson) costume camel et bandeaux Fila qu’il garde «H24» comme s’il était resté bloqué sur son dernier match. Toujours culte en 2025 et terriblement attachant !
Marin cool comme dans La Vie aquatique (2005)
La Vie Aquatique
Stéphane Dabrowski/La Cinémathèque française
Ce film marque la première collaboration de la costumière italienne Milena Canonero, lauréate de quatre Oscars, avec Wes Anderson. Ne cherchez pas trop loin pour rejouer les looks iconiques des personnages : un bonnet rouge tricoté porté haut sur la tête fera parfaitement l’affaire, c’est l’accessoire vedette et l’attribut iconique du commandant Cousteau – dont le réalisateur parodie ici la vie à travers le personnage de Steve Zissou (Bill Murray). À porter avec chemisette type uniforme de travail, pantalon assorti et des baskets (un look comme sorti tout droit d’un docu sous-marin des années 70, pour résumer). Et si vous mettez la main sur les fameuses Adidas Rom Zissou ( à bandes bleues et lacets jaunes ) spécialement imaginées par l’équipementier pour le film, c’est encore mieux !
Globe-trotteur fantaisiste comme dans À bord du Darjeeling Limited (2007)
Jason Schwartzman, Owen Wilson et Adrien Brody dans À bord du Darjeeling Limited (2007), image tirée du film avec les malles Louis Vuitton exposées à la Cinémathèque française pour l’exposition Wes Anderson.
Presse/La Cinémathèque française/Stéphane Dabrowski
C’est l’histoire de trois frères excentriques sur la Route des Indes (Jason Schwartzman, Owen Wilson et Adrien Brody). Ils portent des costumes cintrés dont on devine la bonne facture derrière leur côté froissé. Dans un train au décor de carte postale chic exotique (un mélange de motifs du Rajasthan et de style Art déco) dans des tons de jaune et orange épicés, ils côtoient un chef steward très stylé avec son pagri (turban indien) et son sherwani (manteau traditionnel) turquoise. Les trois frères, eux, trimballent chacun leur spleen et surtout d’imposantes valises totalement fantaisistes. Comme dans tous les films de Wes Anderson, l’accessoire est un personnage à part entière. Ici, le réalisateur a fait appel au fantasque Marc Jacobs pour la création de ces malles Louis Vuitton dont la couleur caramel est traversée de motifs palmiers et de tous les animaux de la savane. Des zèbres, girafes, antilopes, rhinocéros, éléphant y galopent comme sur les murs des chambres d’enfant. Irrésistible!
Délicieusement enfantin comme dans Moonrise Kingdom (2012)
Kara Hayward (Suzy) dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film
Presse/Focus Features/La cinémathèque française
Situé en 1965 dans une île fictive au large de la Nouvelle-Angleterre, le film raconte une histoire de passage à l’âge adulte, inspirée par les souvenirs d’enfance d’Anderson. Son titre qui signifie «Le Royaume du lever de la Lune» est le nom donné par Suzy à la plage où elle se réfugie en cachette avec son amoureux, Sam, un jeune scout orphelin. Couleurs pastel ou acidulées et charme rétro poétique sont les signes distinctifs du style vestimentaire des deux protagonistes. Pour elle : robe sixties orange, rose ou jaune à col Claudine, chaussettes blanches et tennis ou babies aux pieds. Pour lui : chemise pimpée de badges et short kaki, toque en fourrure et grand sac à dos d’aventurier. Mon tout a l’air sorti d’un livre pour enfants. Ultrarafraîchissant!
Colorful comme dans The Grand Budapest Hotel (2014)
Paul Schlase, Tony Revolori, Tilda Swinton et Ralph Fiennes dans The Grand Budapest Hotel (2014), image tirée du film.
Martin Scali/20th Century Fox – Scot t Rudin Productions – Indian Paintbrush – Studio Babelsberg / Presse
Chez Wes Anderson, l’atmosphère est rétro, mais toujours pleine de charme et de couleurs. Chacun de ses films se déroule dans un monde à part très caractérisé visuellement comme dans le célèbre Grand Budapest Hotel, un vieux palais au rose chatoyant, à l’ascenseur rouge laqué et aux uniformes violets. Les femmes portent de la fourrure et le concierge (Ralph Fiennes) est lui-même toujours tiré à quatre épingles. Un luxe excentrique et une élégance à l’ancienne aux couleurs saturées qui côtoient les teintes sucrées -rose clair ou bleu ciel – que porte Agatha (Saoirse Ronan), la jeune pâtissière travaillant chez Mendl’s, la célèbre confiserie fictive du film. Un véritable shoot de couleurs qui touche en plein cœur!
Pin-up pop comme dans Asteroid City (2023)
Scarlett Johansson dans Asteroid City
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Ambiance pastel surexposée et humeur fifties figurent parmi les composantes d’Asteroid City, une ville fictive du sud-ouest américain où une météorite qui s’est écrasée attire une foule de personnages bien barrés. Parmi eux, une jeune actrice, Midge Campbell (Scarlett Johansson) qui prend ses bains dans une baignoire vert menthe derrière un paravent constellé de roses rouges. Elle a des faux airs de Marilyn Monroe avec son rouge à lèvres pétard et son eye-liner marqué et, derrière sa garde-robe de pin-up, elle joue les filles désabusées. On aime aussi le look de June Douglas (Maya Hawke), l’institutrice, dont les tenues sages sont toujours contrebalancées par des détails fantaisistes tel son petit cardigan jaune beurre parsemé de pâquerettes blanches. Délicieux !