EN IMAGES – Une centrale solaire gigantesque doit voir le jour sur le toit de ce monument historique d’ici mars 2026. Elle devrait alimenter en électricité les commerces alentour qui le désirent. Un premier panneau a été symboliquement déposé ce mardi.
Le maire écologiste Pierre Hurmic l’avait promis, il l’a fait. En installant des panneaux photovoltaïques sur sa base sous-marine, Bordeaux s’apprête à posséder «le bâtiment historique avec la plus grande toiture solarisée de France» . Inauguré par les nazis en 1943, l’édifice en béton armé couvre une surface de 43.000 carrés – qui servait d’abri aux sous-marins ennemis. Labellisée Architecture contemporaine remarquable et située au cœur du Port de la Lune (classé au patrimoine mondial de l’Unesco), la base sous-marine doit être recouverte de 6600 panneaux solaires. Ces derniers devraient produire entre 3,4 et 3,6 gigawattheures dès mars 2026. Le premier d’entre eux a été symboliquement déposé sur le toit, ce mardi.
«Je tiens beaucoup à cette expérimentation pour montrer qu’il faut tordre le cou aux doutes et aux vents contraires sur le sujet des énergies renouvelables», attaque d’emblée l’édile. Avant de déclarer : «Je voudrais souligner le caractère exemplaire de ce qui se passe ici. Ce site garde la mémoire des travailleurs forcés qui l’ont construit. Mais de son passé sombre jaillit désormais la lumière d’une centrale solaire qui produira l’énergie demain.» Et pour cause : Pierre Hurmic a pour ambition d’atteindre 41% d’autonomie énergétique à Bordeaux d’ici 2026.
Un projet à plus de 5 millions d’euros
Mis en œuvre par la société BoucL Énergie, le projet va coûter entre 5,5 et 5,9 millions d’euros, notamment financé par le fonds européen de développement régional (Feder) de la Nouvelle-Aquitaine. Il a pour ambition d’approvisionner les entreprises localisées dans un rayon d’un kilomètre qui le sollicitent. La banque alimentaire est l’une d’entre elles. Avec cette énergie verte qui devrait combler 60% de ses besoins électriques, l’association espère réduire le coût inéluctable de l’alimentation de ses larges entrepôts et chambres froides.
«On rêverait de voir toutes les grandes villes de France installer des panneaux photovoltaïques sur des bâtiments déjà existants, sans concurrence avec le nucléaire, car la France a besoin de ce mix énergétique», indique Jérôme Owczarczak, le directeur général de BoucL Énergie. Objectif de l’entreprise, qui travaille aussi avec Lidl ou le Stade du Fayet à Saint-Gervais-les-Bains : produire une électricité vendue environ 120 euros/mégawattheure à un prix fixe, garanti durant 15 ans.«Je souhaite que notre exemple soit contagieux. C’est le sens de l’histoire», se réjouit Pierre Hurmic. Le maire désire aussi que ce projet d’envergure soit le premier d’une longue série française afin de relancer la filière nationale de production de panneaux solaires. Ces derniers sont pour l’instant importés de Chine.
Critique de l’opposition
Cette future centrale solaire est cependant critiquée par Fabien Robert (Modem). Le conseiller municipal d’opposition dénonce un projet «étriqué», «sans ambition» et «tout sauf visionnaire». Dans un communiqué adressé à la presse, il critique le fait que ce chantier prévoit seulement 13.000 mètres carrés de panneaux solaires alors que la superficie de la base sous-marine est trois fois supérieure. Il juge aussi que ce dossier a fait l’objet «de choix médiocre» parce qu’il «fallait aller vite avant la fin de mandat». Et Pierre Hurmic de répliquer : «Étriqué ? J’ai envie de dire à Monsieur Robert que c’est celui qui le dit qui l’est».
BoucL Énergie explique de son côté qu’en plus des 13.000 mètres carrés de panneaux solaires, 9000 mètres carrés sont exploités pour créer des espaces permettant leur entretien. La surface restante, elle, est trop fragile pour être équipée de panneaux solaires ou inadaptées aux restrictions patrimoniales qui prévoient que ceux-ci ne puissent pas être vus depuis le pied du bâtiment.
Quant à l’éternelle critique sur le recyclage desdits panneaux solaires, BoucL Énergie les balaie d’un revers de la main. Recyclables à 95%, ils seront traités en Gironde, au sein d’une entreprise spécialisée située à Saint-Loubès.
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