Cancer du pancréas : pourquoi ce tueur silencieux reste si redouté

Ce n’est pas celui qu’on redoute en premier. Ni celui qui fait la une des campagnes de prévention. Pourtant, le cancer du pancréas est aujourd’hui l’un des plus redoutés par les oncologues. Silencieux, fulgurant, discret dans ses premiers signaux : près de 90 % des diagnostics sont posés à un stade avancé, souvent trop tard pour être opéré. Chaque année, il touche environ 16 000 personnes en France, avec une survie à cinq ans sous les 10 %.

Face à ce constat, l’Institut national du cancer (INCa) alerte : certains profils sont beaucoup plus exposés que d’autres, mais ignorent leur vulnérabilité. Car on peut être en bonne santé, actif, et pourtant faire partie des premiers concernés.

Cancer du pancréas : les profils à risque identifiés par l’INCa

Ce sont cinq types de profils que l’INCa appelle désormais à surveiller en priorité, à partir des dernières données cliniques et épidémiologiques :

  • Fumeurs et anciens fumeurs : un facteur majeur, présent dans 20 à 30 % des cas. Le risque augmente de +70 % pour un gros fumeur.

  • Personnes en surpoids ou obèses : pour un IMC supérieur à 35, le risque grimpe jusqu’à +47 %.

  • Diabétiques de type 2, en particulier ceux diagnostiqués récemment (moins de deux ans) : ce peut être un symptôme “masqué”.

  • Antécédents familiaux de cancer du pancréas ou mutations génétiques connues (BRCA2, PALB2, CDKN2A).

  • Patients atteints de pancréatite chronique, souvent liée à une consommation excessive d’alcool.

Ces profils, croisés, multiplient le risque. Mais très peu de patients et de médecins généralistes pensent à les relier.

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L’INCa identifie cinq facteurs de risque majeurs du cancer du pancréas, dont le tabac, le diabète récent et l’hérédité génétique.

Cancer du pancréas : les symptômes vagues qui retardent le diagnostic

C’est toute la difficulté du dépistage : les premiers signes n’alertent pas. Douleurs diffuses au dos ou à l’estomac, perte d’appétit, fatigue, ballonnements, amaigrissement… Ces symptômes, non spécifiques, peuvent passer pour un trouble digestif banal.

Et pourtant :

  • Ils peuvent précéder le diagnostic de plusieurs mois.

  • Dans près de 50 % des cas, les patients consultent pour un diabète de type 2 d’apparition récente.

  • Les examens d’imagerie ne sont pas systématiquement proposés à ces profils “à risque faible” — même lorsqu’ils combinent plusieurs facteurs.

L’INCa recommande aujourd’hui une surveillance ciblée, avec examens abdominaux et suivi régulier, dès lors que deux facteurs de risque sont réunis.

Cancer du pancréas : les bons réflexes à adopter dès maintenant

Il n’existe pas encore de dépistage généralisé pour ce cancer, mais certains gestes — simples — peuvent faire une vraie différence :

  • Informer son médecin en cas de combinaison de facteurs à risque.

  • Demander une échographie ou un scanner abdominal si des troubles digestifs persistent.

  • Tester les mutations génétiques connues dans les familles à risque (BRCA2, etc.).

  • Surveiller tout diabète nouvellement diagnostiqué, surtout après 50 ans.

  • Adapter son mode de vie : arrêt du tabac, alimentation anti-inflammatoire, activité physique.

Des programmes comme PRISM, à Gustave Roussy, explorent déjà des outils de détection précoce pour ces profils ciblés. L’avenir de la prévention passe par là.

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Souvent diagnostiqué tardivement, le cancer du pancréas affiche l’un des taux de survie les plus faibles en France, malgré des profils à risque bien connus.