Faire rayonner la base sous-marine. La ville de Bordeaux a posé ce mardi le premier panneau solaire, symbolique, sur le toit de cet édifice de la Seconde Guerre mondiale, implanté dans le quartier des Bassins à Flot. L’objectif est de poser 13.000 m2 de panneaux photovoltaïques sur une surface de 22.000 m2, pour produire l’équivalent de la consommation annuelle moyenne d’électricité de 770 foyers bordelais, soit 3,4 GWh par an.
Les différents acteurs, dont le maire de Bordeaux Pierre Hurmic, ont installé le premier panneau photovoltaïque sur le toit de la base sous-marine, ce mardi. - M.Bosredon / 20 Minutes
« La base sous-marine va devenir la plus grande centrale solaire implantée sur un bâtiment historique protégé. »
Voici ce qu’il faut savoir sur ce projet, dont la réalisation a été confiée au groupe EverWatt, via sa filiale BoucL Energie, qui finance une grande partie des 5,88 millions d’euros d’investissement.
Pourquoi la base sous-marine ?
L’objectif de la municipalité est de « solariser massivement le territoire, pour faire de la ville de Bordeaux [qui bénéficie d’un ensoleillement moyen de 1.200 heures par an] une ville référence en la matière », et montrer que « cela est compatible avec la protection du patrimoine. » Elément du patrimoine labellisé « architecture contemporaine remarquable », la base sous-marine a été édifiée durant la Seconde Guerre mondiale par l’Allemagne nazie, pour accueillir des sous-marins U-Boot. « Ce site garde la mémoire des travailleurs forcés qui l’ont construit, notamment les républicains espagnols, dont plusieurs dizaines sont morts durant le chantier », a rappelé Pierre Hurmic. Il accueille désormais un espace culturel, les Bassins des Lumières, exploité par Culturespaces.
Cela reste néanmoins une contrainte que d’intervenir sur un bâtiment classé. Parmi elles, il fallait que les panneaux, qui seront installés sur le dispositif de pare-bombes de la base, ne soient pas visibles du sol, et la structure ne doit pas porter atteinte au bâtiment. « Il y a eu de nombreux échanges avec les architectes des bâtiments de France », souligne Pierre Hurmic.
Comment va fonctionner ce système de panneaux photovoltaïques ?
Quelque 6.600 panneaux photovoltaïques – chinois – seront installés sur le toit de la base d’ici au mois de mars 2026, pour une mise en service attendue vers le mois de mai. BoucL Energie, qui installe les panneaux et exploitera la centrale solaire pour une période de trente ans, est spécialisé dans l’autoconsommation collective, l’objectif étant de fournir « du solaire au service du tissu économique local ». « Nous allons partager à un coût compétitif, de l’ordre de 120 euros du mégawatt/heure, l’énergie dans un rayon d’un kilomètre autour de la base sous-marine », explique son directeur général, Jérôme Owczarczak. Et BoucL Energie entend le faire « de manière intelligente ». « Avec le gestionnaire de réseau, nous allons compter ce qui est produit par la base et ce qui est consommé par les consommateurs, puis nous répartirons les volumes qui correspondent à la consommation de chacun, poursuit le directeur général. L’idée est de partager l’énergie, et de la faire évoluer en fonction des vraies consommations, notamment aux moments où les clients consomment. »
Quels seront les clients de la centrale solaire de la base sous-marine ?
Il y a aura en tout premier lieu la base elle-même, et notamment Les Bassins des Lumières. La Banque Alimentaire, située dans le rayon d’un kilomètre de la base, s’est également déjà positionnée, souhaitant bénéficier « d’un coût de l’électricité garanti sur quinze ans, pour 60 % de notre consommation », sachant que par définition, une centrale solaire fournit de l’énergie intermittente, qui varie en fonction des périodes de l’année.
A quels moments la centrale solaire produit le plus ?
Les différents acteurs présents ce mardi lors du lancement du projet, n’ont pas manqué d’évoquer la canicule qui frappe la quasi-totalité de la France en ce moment, « preuve qu’il faut développer les énergies renouvelables », a notamment insisté Pierre Hurmic.
Pourtant, ce n’est pas lorsqu’il fait le plus chaud que les panneaux photovoltaïques produisent le plus. « Les panneaux solaires n’aiment pas trop la chaleur, explique Jérôme Owczarczak. La température idéale est de 25 °C, au-delà on perd de l’ordre de 0,1 % de productivité par degré supplémentaire. Cela reste donc marginal, mais à l’inverse de ce que l’on peut penser, ce n’est donc pas dans les endroits les plus chauds que l’on aura la meilleure production, mais dans les endroits tempérés. »
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En France, 70 % de la production « se fait entre mars et octobre », poursuit le directeur général de BoucL Energie, les mois les moins productifs se situant « entre novembre et février ». « On produit peu durant cette période hivernale, même s’il fait beau, car on a beau avoir de la luminosité, on a très peu de rayonnement direct sur les panneaux. » Pour Jérôme Owczarczak, la meilleure réponse face au changement climatique, reste de mettre en place « un véritable mix énergétique ».
Pourquoi ne pas avoir couvert l’ensemble du toit de la base sous-marine ?
En raison de contraintes techniques. « Nous allons équiper 22.000 m2 de surface de toiture [sur un total de 36.000 m2], dont 13.000 m2 de panneaux solaires, parce que les panneaux ne sont pas tous collés les uns aux autres, et parce qu’il faut laisser des chemins de circulation pour l’intervention des pompiers, la maintenance, le nettoyage, notamment en raison du pollen ou des poussières de sable du Sahara, énumère Jérôme Owczarczak. Enfin, la base est vétuste, et il y a des endroits où l’on ne peut pas travailler, ce serait trop risqué. »