La banque espagnole Santander a annoncé mardi avoir conclu un accord pour acquérir la filiale britannique TSB de son rival plus modeste Sabadell, pour un montant initial de 2,65 milliards de livres sterling (3,64 milliards de dollars) dans le cadre d’une transaction entièrement en numéraire, sous réserve de l’approbation des actionnaires de Sabadell.
La décision de Sabadell de se séparer de TSB constitue une manoeuvre défensive alors que la banque cherche à contrer une tentative de rachat hostile de la part d’un autre poids lourd espagnol, BBVA. En cas de succès, l’opération permettrait à Santander de disposer du septième plus grand réseau d’agences bancaires au Royaume-Uni, en plus du sien.
Santander, qui est la première banque de la zone euro en termes de capitalisation boursière, a indiqué que cette acquisition l’aiderait à devenir la troisième banque du Royaume-Uni en termes de soldes de comptes courants personnels.
Si l’accord pour TSB aboutit, il s’agirait d’une nouvelle étape dans la consolidation du secteur bancaire britannique, où les établissements plus modestes peinent à gagner des parts de marché face aux grandes banques traditionnelles.
L’acquisition intervient alors que Santander UK affiche une rentabilité inférieure à celle du groupe espagnol, suscitant des interrogations sur son engagement au Royaume-Uni.
Plus tôt cette année, Santander avait examiné différentes options stratégiques, dont un possible retrait du marché britannique, selon une source proche du dossier. La présidente exécutive Ana Botín a toutefois réaffirmé mardi l’importance du Royaume-Uni comme marché clé pour le groupe.
« Cette opération témoigne de notre confiance dans notre stratégie, mais aussi dans le marché britannique », a déclaré Ana Botín lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.
Santander prévoit que l’acquisition générera un rendement sur capital investi supérieur à 20 %, contribuant à porter le retour sur fonds propres tangibles de Santander UK de 11 % en 2024 à 16 % en 2028.
La banque anticipe également des synergies de coûts d’au moins 400 millions de livres sterling et une augmentation du bénéfice par action dès la première année, atteignant environ 4 % en 2028, tout en consommant 50 points de base de capital CET1 à la clôture de l’opération.
Santander a indiqué qu’elle fonctionnerait avec un ratio CET1 d’environ 13 % à la fin de l’année 2025, sur une base pro forma, en tenant compte de la cession de 49 % de Santander Polska et du rachat d’actions associé prévu début 2026, ainsi que de l’acquisition de TSB.
La banque a également précisé qu’elle restait en bonne voie pour réaliser au moins 10 milliards d’euros de rachats d’actions sur les résultats 2025 et 2026.
SABADELL AUGMENTE LA RÉMUNÉRATION À 3,8 MILLIARDS D’EUROS
Sabadell a annoncé que le produit de la vente de TSB servirait à financer un dividende exceptionnel en numéraire de 0,50 euro par action, soit 2,5 milliards d’euros, auquel s’ajoutent 1,3 milliard d’euros de dividendes ordinaires attendus sur les résultats 2025.
Le prix initial de 2,65 milliards de livres représente 1,5 fois la valeur comptable de TSB, a précisé Sabadell, ajoutant que le montant serait ajusté à la hausse pour inclure les bénéfices générés entre la date de l’accord et sa finalisation prévue au premier trimestre 2026, le prix final devant atteindre environ 2,9 milliards de livres.
Le directeur général de Sabadell, Cesar Gonzalez-Bueno, a qualifié la vente d’opportunité stratégique à ne pas manquer pour la banque.
« Nous allons désormais concentrer notre stratégie sur l’Espagne, où nous voyons un potentiel de croissance significatif tant en termes d’activité que de performance boursière par rapport à nos pairs », a-t-il déclaré.
Sabadell a indiqué qu’elle soumettrait l’opération à l’approbation de ses actionnaires lors d’une assemblée prévue le 6 août, alors qu’elle fait l’objet d’une offre de BBVA.
($1 = 0,7290 livre sterling)