Ce mardi 1er juillet 16 départements français sont en vigilance rouge canicule.

LUDOVIC MARIN / AFP

Ce mardi 1er juillet 16 départements français sont en vigilance rouge canicule.

CLIMAT – Vingt-deux ans plus tard, la France à nouveau plongée dans la fournaise. Alors que l’Aube, l’Yonne, le Loiret et le Cher sont maintenus en vigilance rouge et que 79 départements restent en vigilance orange ce mercredi 2 juillet, le souvenir de la canicule de 2003 est dans toutes les têtes. Avec une question : qu’est-ce qui a été fait, depuis, pour mieux prévenir les risques liés à la canicule ?

Cet été-là, entre le 1er et le 20 août, une chaleur intense accable la France de façon inédite. Après l’annonce des premiers décès, la gauche – de Jack Lang à François Hollande – accuse le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin (UMP) de ne pas avoir pris la mesure de la situation. Le 11 août, en duplex sur TF1 depuis sa résidence verdoyante du Var, le ministre de la Santé de l’époque Jean-François Mattéi nie tout manque d’anticipation, tentant de faire taire la polémique. Le bilan s’élèvera finalement à 15 000 morts en quinze jours.

Un traumatisme qui a poussé les pouvoirs publics à prendre le problème à bras-le-corps. « Avant ça, des dispositifs existaient, mais ils n’étaient pas forcément structurés. La canicule de 2003 nous a mis face à cet enjeu et à la nécessité de prévenir les risques liés aux fortes chaleurs », retrace auprès du HuffPost Thomas Lanoux, représentant de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF).

Premier changement observé post-2003 : la mise en place par Météo France d’une vigilance canicule. Depuis l’instauration de cette nouvelle alerte en 2004 et jusqu’à cette semaine, la vigilance rouge n’avait été déclenchée qu’à six reprises : en juin et juillet 2019, en août 2020, en juin et juillet 2022 et enfin en août de l’année suivante.

Le passage en vigilance jaune, orange ou rouge entraîne notamment une série d’actions de la part des préfectures, qui publient des messages à l’attention des citoyens, collectivités et acteurs locaux.

Un « plan canicule » lancé dès 2004

Dès la fin de l’épisode de 2003, le gouvernement Raffarin s’attelle à la préparation d’un « plan canicule ». Dans le cadre de ce plan, remis à jour chaque année depuis 2004, Santé publique France déclenche automatiquement une surveillance quotidienne des données météorologiques entre le 1er juin et le 15 septembre, afin d’adapter la réponse sanitaire aux risques.

Ce plan prévoit également l’obligation pour les communes d’ouvrir un registre pour les personnes fragiles, handicapées ou âgées afin qu’elles puissent être contactées en cas de canicule. Les collectivités sont par ailleurs appelées à cartographier les lieux climatisés, à rendre gratuit l’accès aux piscines et aux musées, ou encore à ouvrir les parcs sur des créneaux plus larges.

Après 2003, les établissements recevant un public fragile ont également dû s’adapter. Le « plan bleu » donne aux lieux accueillant des personnes âgées une série d’indications à suivre en cas de crise « sanitaire ou climatique ». Ce plan exige l’installation d’au moins une salle rafraîchie et la formation du personnel aux risques. De la même manière, les hôpitaux sont, eux aussi, dans l’obligation de mettre une salle climatisée à disposition des patients.

Un public « plus éduqué »

Les autorités sanitaires ont également largement misé sur la prévention. En dehors des périodes de canicule et en amont de la saison estivale, « une information est faite auprès des acteurs institutionnels et territoriaux » et des professionnels de santé, rappelle Santé publique France. Des messages sont aussi diffusés dans les pharmacies ou dans les salles d’attente des lieux de soin.

Le niveau de prévention s’adapte ensuite au niveau de vigilance. En période de « vigilance orange géographiquement peu étendue », les réseaux sociaux de Santé publique France sont « mobilisés ». Si la vigilance orange s’étend ou que plusieurs départements passent en vigilance rouge, les autorités peuvent réquisitionner les médias pour diffuser des spots radios et télévisés.

Ainsi, contrairement à 2003, la France de 2025 est plus avertie sur les dangers liés aux fortes chaleurs. « On a le sentiment que le public est aujourd’hui plus éduqué, et a en grande partie acquis les bons réflexes. Mais certaines personnes continuent à s’exposer aux risques en faisant du sport entre midi et deux par exemple ou en ne s’hydratant pas assez », explique Thomas Lenoux, selon lequel il est également nécessaire de « renforcer le travail de prévention auprès des personnes isolées ».

En plus des campagnes de prévention, un numéro vert Canicule info service est disponible : le 0800 06 66 66.

Des évolutions insuffisantes ?

En 2023, le plan canicule – qui relève du ministère de la Santé – a été complété par un « plan national de gestion des vagues de chaleur » du ministère de la Transition écologique, contenant une quinzaine de mesures. Il prévoit par exemple l’envoi de SMS lors de « situations exceptionnelles », le recensement par les collectivités des îlots de fraîcheur et des fontaines publiques ou encore l’interdiction du transport routier d’animaux entre 13h et 18h.

Malgré ces mesures, certains spécialistes estiment que le niveau de préparation aux phénomènes de canicule reste insuffisant, pointant notamment le manque de personnel de santé en période estivale ou le caractère inadapté du bâti, y compris dans les établissements scolaires ou les hôpitaux.

Selon les chiffres de Santé publique France, plus de 3 700 personnes sont décédées à l’été 2024 en raison d’une exposition à de fortes chaleurs.