Un cas autochtone de chikungunya, avec une patiente atteinte sans avoir voyagé, vient d’être détecté dans le Grand Est. C’est le neuvième en France métropole depuis ces dernières semaines. Si la région Centre-Val de Loire est encore épargnée, « la situation y est suivie de près » indique l’Agence régionale de santé. Et pour cause, quinze cas importés – avec des patients de retour de zones infestées – y ont en effet été recensés depuis mai 2025, dont six en Indre-et-Loire. Dans ce chapitre des maladies arboviroses, on peut y ajouter dix cas de dengue importés dans la région, dont trois en Touraine.

Faut-il s’inquiéter face à ces virus transmis d’homme à homme par le moustique tigre ? « Cela fait deux à trois ans que le moustique tigre est parfaitement installé et actif en Indre-et-Loire, de mai à octobre, rappelle le Pr Adrien Lemaignen, chef du service des maladies infectieuses au CHRU de Tours. On a toutes les conditions pour qu’il y ait transmission. Mais pour cela, il faut des malades. » Des voyageurs, de retour de La Réunion pour le chikungunya, ou de la Guadeloupe pour la dengue, l’ont justement été ces dernières semaines. C’est là que la vigilance est de mise. « Comme le moustique tigre ne vole pas à plus de 250 m de son gîte, si on sait tôt qu’une personne est malade, on peut encore lancer des opérations de démoustication, comme l’an dernier à Joué-lès-Tours et à Saint-Cyr-sur-Loire. » Le professeur ne se voile pas la face. Des contaminations, il y en aura certainement. Mais on peut agir. « Si la semaine qui suit un voyage aux Antilles ou à La Réunion, un de vos proches souffre de douleurs articulaires et d’une fièvre inexpliquée, il faut impérativement le signaler. »

« À l’échelle d’une population, c’est très embêtant »

Il n’y a pas d’alerte à l’heure actuelle dans des communes d’Indre-et-Loire. « Mais, par contre, l’alerte est globale en France métropolitaine. La prochaine épidémie sera arbovirose. À titre individuel, ce n’est pas forcément grave, mais à l’échelle d’une population, c’est très embêtant. En 2003, La Réunion avait connu un fort impact sur son économie avec de très nombreux arrêts de travail. »

Ces maladies sont détectées par un test sanguin effectué chez le médecin. « La dengue se traduit par une énorme grippe, avec 5 % de cas sévères, une mortalité faible ; la maladie peut conduire à l’hospitalisation, surtout des personnes fragiles. Le chikungunya, c’est une fièvre très élevée, avec des rougeurs cutanées et des douleurs articulaires très intenses. Des patients peuvent ensuite garder des douleurs prolongées. »

Des poissons dans les récupérateurs d’eau

Et de terminer par quelques conseils souvent répétés mais efficaces. « Il faut combattre les gîtes larvaires, vider toutes les coupelles et même y mettre du sable. Éviter les eaux stagnantes. Obstruer les récupérateurs d’eau ou mettre des poissons dedans, qui mangeront les larves. Il faut veiller également à ce qu’il n’y ait pas d’eaux stagnantes sur les toits terrasses ou sous les dalles sur plots. » Des gestes qui paraissent anodins. « Mais qui sont hyper importants à l’échelle d’un quartier. Il faut que tout le monde s’y mette ! »