La banque espagnole Santander a annoncé mardi avoir conclu un accord en vue d’acquérir la filiale britannique TSB, détenue par son concurrent plus modeste Sabadell, pour un montant initial de 2,65 milliards de livres (soit 3,64 milliards de dollars), dans le cadre d’une opération entièrement en numéraire, sous réserve de l’approbation des actionnaires de Sabadell.
La décision de Sabadell de se séparer de TSB constitue une manoeuvre défensive alors que la banque tente de contrer une tentative de rachat hostile menée par un autre géant espagnol, BBVA. Si l’opération aboutit, Santander disposera du septième plus grand réseau d’agences bancaires au Royaume-Uni, en plus de ses propres implantations.
Santander, première banque de la zone euro par capitalisation boursière, a indiqué que ce rachat lui permettrait de devenir la troisième banque du Royaume-Uni en termes de dépôts sur comptes courants particuliers.
En cas de concrétisation, il s’agirait d’une nouvelle étape dans le mouvement de consolidation du secteur bancaire britannique, où les établissements de taille moyenne peinent à gagner des parts de marché face aux grands acteurs historiques.
L’acquisition intervient alors que Santander UK affiche une rentabilité inférieure à celle de l’ensemble du groupe espagnol, suscitant des interrogations sur l’engagement du groupe au Royaume-Uni.
Début 2024, Santander avait d’ailleurs entamé une revue stratégique de ses activités, envisageant notamment un désengagement du marché britannique, selon une source proche du dossier. Mais la présidente exécutive Ana Botin a réaffirmé mardi l’importance stratégique du Royaume-Uni pour le groupe.
« Cette opération traduit notre confiance dans notre stratégie, mais aussi dans le marché britannique », a déclaré Ana Botin lors d’une conférence téléphonique avec les analystes.
Santander prévoit que l’opération générera un rendement sur capital investi supérieur à 20 %, contribuant à faire progresser la rentabilité sur fonds propres tangibles de Santander UK de 11 % en 2024 à 16 % en 2028.
La banque table également sur des synergies de coûts d’au moins 400 millions de livres, avec un effet relutif sur le bénéfice par action dès la première année, et d’environ 4 % en 2028, tout en consommant 50 points de base de capital CET1 à la clôture.
Santander précise qu’elle opérera avec un ratio CET1 d’environ 13 % fin 2025, sur une base pro forma tenant compte de la vente de 49 % de Santander Polska et du rachat d’actions annoncé début mai 2026, ainsi que de l’acquisition de TSB.
La banque confirme par ailleurs son objectif de distribuer au moins 10 milliards d’euros en rachats d’actions sur les bénéfices 2025 et 2026.
SABADELL AUGMENTE LA RÉMUNÉRATION À 3,8 MILLIARDS D’EUROS
Sabadell a annoncé que le produit de la vente de TSB servira à financer un dividende exceptionnel en numéraire de 0,50 euro par action, soit 2,5 milliards d’euros, en plus des 1,3 milliard d’euros de dividendes ordinaires attendus sur les bénéfices 2025.
Le prix initial de 2,65 milliards de livres représente un multiple de 1,5 fois la valeur comptable de TSB, selon Sabadell, qui précise que le montant sera ajusté à la hausse pour inclure les bénéfices générés entre la date de l’accord et la finalisation prévue au premier trimestre 2026, le prix final devant atteindre environ 2,9 milliards de livres.
Le directeur général de Sabadell, Cesar Gonzalez-Bueno, a qualifié la vente d’opportunité stratégique que la banque ne pouvait ignorer.
« Nous allons désormais concentrer notre stratégie sur l’Espagne, où nous voyons un potentiel de croissance significatif tant sur le plan opérationnel que boursier par rapport à nos concurrents », a-t-il déclaré.
Sabadell a indiqué qu’elle soumettrait la transaction à l’approbation d’une assemblée générale des actionnaires le 6 août, alors qu’elle est la cible d’une offre de BBVA.
($1 = 0,7290 livre sterling)