« Il est impressionnant avec ses deux défenses inférieures collées. Je ne savais pas que le mastodonte était vraiment un animal », confie, d’un air perplexe, Grégoire, un touriste d’Avignon venu en famille visiter le Muséum d’histoire naturelle de Toulouse. Avant de pénétrer dans les salles consacrées à l’exposition « Géants », les visiteurs admirent un énorme crâne de mastodonte des Pyrénées, le seul crâne complet connu au monde de cette espèce qui vivait il y a 10 à 12 millions d’années.
Ni mammouth, ni éléphant, celui qui pesait plusieurs tonnes et n’a pas encore de nom scientifique, est exposé pour la première fois. En 2016, à Montesquieu-Guittaut (Haute-Garonne), un éleveur découvre par hasard un crâne fossile lors de travaux et contacte le Muséum de Toulouse. Une mission de fouille est organisée en septembre 2017 pour extraire le spécimen du sol. Il faudra deux ans de travail minutieux, mené par Pascal Tassy, paléontologue et professeur émérite au Muséum national, pour extraire le crâne du sédiment où il était conservé.
De la même taille que les éléphants d’Asie mais plus bas sur pattes
« Au fur et à mesure de son dégagement, on a constaté qu’il s’agissait d’une nouvelle espèce, souligne Pascal Tassy. Ce crâne pèse 200 kg mais nous n’avons pas pu retrouver tous les éléments de la mâchoire inférieure. Ce qui est exceptionnel, c’est que nous avons tout le crâne alors qu’auparavant, nous n’avions retrouvé que quelques dents d’autres mastodontes en Europe. »
À son époque, la Haute-Garonne était habitée par des mastodontes, de la taille des éléphants d’Asie mais avec une silhouette et des dents distinctes. Plus bas sur pattes, ils possédaient un museau allongé et quatre défenses : deux à la mâchoire supérieure et deux à la mâchoire inférieure. Leurs molaires étaient équipées de tubercules arrondis adaptés à un régime alimentaire à base de feuilles. Ce spécimen, dont la publication scientifique paraîtra en fin d’année, est visible jusqu’à fin juin.