Par

Thibault Nadal

Publié le

2 juil. 2025 à 11h52

Une prise de position critiquée même dans son propre camp. En visite depuis plusieurs jours en Algérie, le député (LFI) de Marseille Sébastien Delogu a prôné un dialogue « d’égal à égal », alors que la France traverse pourtant une crise diplomatique sans précédent avec le pays du Maghreb.

Les sujets Boualem Sansal et Christophe Gleizes au centre des dissensions

Mais cette sortie n’a pas été du tout du goût de La France insoumise qui, dans un communiqué cinglant, a expliqué que « Sébastien Delogu s’est exprimé de façon personnelle » et que ces propos « n’engagent ni les groupes parlementaires de la France insoumise, ni le mouvement ».

Le député des Bouches-du-Rhône, élu dans les quartiers nord de Marseille, se voit également reproché de ne pas avoir apporté son soutien à l’écrivain Boualem Sansal condamné à cinq ans et au journaliste de So Foot, Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison. Tous deux sont actuellement incarcérés en Algérie. L’AFP a expliqué ne pas avoir pu interroger Sébastien Delogu sur les cas des deux hommes.

Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a rappelé ses positions. « Nous protestons contre l’arrestation du journaliste Christophe Gleizes. Nous demandons sa libération immédiate et nous renouvelons notre exigence de voir libérer Boualem Sansal. »

Bruno Retailleau dans le viseur

Interviewé par un correspondant de l’AFP sur les raisons de sa venue en Algérie ce lundi 30 juin, Sébastien Delogu a expliqué s’être déplacé pour « exprimer le fait qu’il y a une autre voie en France, celle du respect » et que « quand on s’exprime, on doit parler d’égal à égal ».

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Sébastien Delogu, qui a des origines algériennes, effectue depuis jeudi une visite l’ayant mené d’abord à Oran sur la tombe de son grand-père maternel puis à Alger. Après avoir échangé avec des députés de l’Assemblée nationale populaire, il a rappelé « qu’il y a la mer Méditerranée qui nous lie, il y a notre histoire commune avec le peuple algérien ».

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« Des millions de Françaises et de Français se sentent insultés face aux invectives incessantes de certains ministres français », a-t-il affirmé. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a été accusé nommément par le pouvoir algérien de mener une cabale contre l’Algérie et de multiplier les OQTF.

Sébastien Delogu a indiqué être « venu dire qu’il y a une autre voie, celle du respect, de la souveraineté et du respect du droit international ». Il a appelé le peuple algérien à « rester concentré sur les valeurs qui sont les siennes », en étant « conscient que les élections, c’est cyclique ». Selon lui, la gauche radicale fera « dégager (la majorité au pouvoir, ndlr) pour essayer d’apporter cette autre voie » dans cinq ans.

La question du Sahara occidental au cœur des tensions

La brouille entre Paris et Alger a éclaté après la reconnaissance par Paris d’un plan sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, où Alger soutient les indépendantistes du Polisario opposés depuis 50 ans au Maroc, qui contrôle l’essentiel de ce territoire non autonome au regard de l’ONU.

La crise s’est aggravée après l’arrestation à Alger de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné fin mars à cinq ans de prison ferme pour des déclarations à un média français d’extrême-droite reprenant la position marocaine sur les frontières héritées de la colonisation française.

Avec AFP

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