Les tensions géopolitiques et les conflits poussent les gouvernements à lancer des plans de réarmement, stimulant ainsi l’industrie militaire. En Allemagne, les grands noms du secteur affichent de solides résultats.
L’Europe se réarme et l’industrie allemande prospère. Selon un décompte préliminaire de CNBC, la valeur totale des exportations d’armement de l’Allemagne atteindrait 13,2 milliards d’euros en 2024, soit plus du double par rapport à 2020 (5,82 milliards), indique le média américain.
Au premier trimestre 2025, les chiffres provisoires du ministère fédéral de l’Économie et de l’Énergie indiquent que l’Allemagne a exporté pour 1,5 milliard d’euros de matériels militaires, dont 846 millions pour des armes de guerre et 621 millions pour d’autres types d’équipements.
Le principal pays destinataire reste l’Ukraine, qui a acquis pour 573 millions d’euros d’équipements allemands. Depuis le début de la guerre en 2022, l’Allemagne a notamment livré des véhicules comme des chars Leopard ou des blindés, des systèmes de défense aérienne type Patriot, des systèmes d’artillerie, des drones ou encore des fusils d’assaut.
Selon le classement du SIPRI, l’Allemagne se situait au cinquième rang des plus importants pays exportateurs de matériels militaires pour la période 2020-2024, avec comme principaux clients l’Ukraine, l’Égypte et Israël.
Au total pour le premier trimestre 2025, les « pays partenaires proches » (UE, Otan, proches Otan) ont représenté 80% des exportations d’armement. Le Qatar figure en deuxième position après l’Ukraine, suivi de l’Estonie.
Une manne pour les entreprises
Les industriels allemands de l’armement affichent de bons résultats en termes de chiffre d’affaires, mais également de valorisation boursière.
Ainsi, le conglomérat Rheinmetall, qui produit aussi bien des blindés que des munitions et continue d’étendre son portefeuille de produits, affichait un chiffre d’affaires de 9,7 milliards d’euros en 2024, dont plus d’un tiers des ventes réalisées sur le marché européen. Selon un décompte de BFM Bourse, son action a été multipliée par 12 depuis le début de la guerre en Ukraine, soit une hausse de plus de 1.100%.
Pour le motoriste MTU Aero Engines, l’année 2024 a été marquée par une augmentation de 13% du chiffre d’affaires pour la division militaire. Les activités militaires du motoriste, qui produit entre autres les réacteurs de l’Eurofighter et de l’A400M, se concentrent majoritairement sur l’Allemagne et l’Europe, indique un porte-parole à CNBC.
Même son de cloche pour Hensoldt, ex-filiale d’Airbus, qui fournit des systèmes électroniques et des capteurs, dont 87,8% des revenus proviennent de clients européens.
Quant à Renk, qui produit notamment des boîtes de vitesse pour des véhicules ou des navires, 27% de son chiffre d’affaires (sur un total de 1,14 milliard d’euros) a été généré par des ventes à l’Allemagne, précise CNBC.
La filiale du géant de l’acier Thyssenkrupp, spécialisée dans les systèmes de défense navals, exporte, elle aussi, majoritairement en Europe: Thyssenkrupp Marine Systems a réalisé près de 60% de ses ventes en Europe occidentale, dont la moitié environ en Allemagne, en Autriche, au Lichtenstein et en Suisse.
Ces bons résultats et la place croissante de l’industrie allemande de l’armement ont occasionné des controverses et des débats au niveau politique – notamment pour les ventes à destination d’Israël et de l’Ukraine.