Le jeu de l’amour et du hasard. Loin de Marivaux, Gil Frechet confesse que sa trajectoire artistique est marquée par des rencontres impromptues et des choix dictés par l’amour.

C’est d’ailleurs son cœur qui l’a guidé jusqu’aux rives de la Méditerranée, et plus particulièrement du côté de Tamaris, là même où il a pris goût à la photographie.

Ancien professionnel du textile, décorateur et globe-trotter, il raconte: «  Je n’avais pas d’appétence particulière pour la photo. C’est venu comme ça, à 50 ans, avec un appareil qu’on m’a offert. J’ai tout appris tout seul.  »

Ce sont pourtant ses clichés, fruits de patience et d’intuition, qui sont exposés à l’étage inférieur de la Villa Tamaris à La Seyne-sur-Mer. Il rend à ce territoire les émotions qu’il lui a procurées.

« Quand je suis arrivé en train de Paris jusqu’à Toulon, j’ai pris la navette maritime, et en traversant la baie, à 7h30 du matin, j’ai été saisi par la lumière. Je me suis dit: il va se passer quelque chose ici. »

Lui qui a connu des paysages de carte postale, de la Thaïlande à l’Île Maurice, fond littéralement pour cette baie et ses emblématiques rochers: «  J’étais fan de Tintin et de L’Île Noire depuis petit. Quand j’ai vu ces deux rochers pour la première fois, j’y ai vu un signe.  »

Jusqu’à 400 clichés et deux heures d’attente pour la photo


Photo Gil Frechet.

Après plusieurs allers-retours entre Paris et le Var, Gil Frechet finit par se poser dans son paradis bleu. Armé de son appareil photo, il passe des heures, dès 5 heures du matin, à la recherche de la lumière parfaite. Il revient aussi en fin de journée, été comme hiver, pour capter les nuances du crépuscule.

Capter l’instant et magnifier le paysage: parfois, cela lui demande de prendre plus de 400 photos en deux heures pour obtenir le cliché idéal.

Comme celui où un nuage semble posé sur les Deux Frères: «  Une de mes signatures, c’est de prendre mes photos au deux millièmes de seconde. C’est ce qui permet de capter ces moments. »

S’il n’est pas adepte des logiciels de retouche, il ajuste tout de même les contrastes et la colorimétrie pour sublimer l’image. Mais la lumière de l’instant reste son obsession.

« Ça se joue à quelques secondes, il faut capter le moment. Des gens viennent me dire: ‘‘On passe devant tous les matins, mais on ne voyait pas à quel point c’était beau.’’  »

Parmi ses coups de cœur, il cite volontiers cette photo d’un bateau de pêcheur posé sur une mer d’huile: «  J’aime les choses très épurées et composées. On est au-delà de la photo.  »

Il rend aussi hommage aux grands maîtres de la peinture, notamment à Turner, à travers une série consacrée aux « ciels tourmentés ».

«  J’ai retrouvé ici la richesse de ces lumières, qui ne durent parfois qu’un instant, avec un rayon qui vient illuminer une scène et lui donner une tragédie.  » Varois de cœur et d’adoption, Gil Frechet semblait prédestiné à habiter les murs de la Villa Tamaris.

«  Dans les expositions, on a souvent des photographes dont une partie de l’œuvre est parisienne. Nous, on veut montrer des choses locales, avec des gens d’ici ou des photos faites ici. Qui de mieux que Gil pour permettre aux gens de redécouvrir les paysages qu’ils connaissent, mais sous un autre angle? C’est là qu’on voit le talent d’un photographe  », conclut Cyril Bruneau, directeur artistique de la Villa Tamaris.

Jusqu’au 31 août. Du mercredi au dimanche de 8h30à 12h et de 14h à 17h30. Gratuit.