© Shutterstock – Un quart des vols vont être supprimés en Île-de-France ce jeudi 3 juillet, jusqu’à la moitié dans certains aéroports du Sud.
À deux jours du grand chassé-croisé des vacances d’été, le trafic aérien français s’apprête à vivre une journée noire jeudi 3 juillet, en raison d’un mouvement de grève des contrôleurs aériens. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a d’ores et déjà demandé aux compagnies aériennes de réduire drastiquement leur programme de vols : 25 % des vols annulés à Paris-Charles-de-Gaulle, Orly et Beauvais, et 50 % à Nice, Bastia et Calvi.
D’autres plateformes, comme Lyon, Marseille, Montpellier, Ajaccio et Figari, devront réduire leur trafic de 30 %, selon un communiqué de la DGAC. Malgré ces mesures, l’administration prévient : “des perturbations et des retards importants sont à prévoir sur l’ensemble des aéroports français”.
Des tensions syndicales persistantes
À l’origine de cette mobilisation, l’UNSA-ICNA, deuxième syndicat des aiguilleurs du ciel (17 % des voix aux dernières élections), qui dénonce un sous-effectif chronique, des projets techniques défaillants et un management toxique. Le syndicat a maintenu son préavis de grève pour jeudi et vendredi, après deux tentatives de conciliation infructueuses avec la DGAC.
Il est rejoint par l’USAC-CGT (16 %), troisième syndicat du secteur, qui appelle à la grève uniquement jeudi. Le SNCTA, premier syndicat (60 %), ne s’associe pas à cette mobilisation.
Les syndicats réclament notamment des garanties sur les effectifs, une meilleure reconnaissance des conditions de travail, et plus de transparence sur les horaires et le contrôle de présence, enjeu central d’une réforme en cours.
Une réforme post-incident qui attise les tensions
Cette réforme fait suite à un grave incident survenu fin 2022 à l’aéroport de Bordeaux, où deux avions ont évité de peu une collision. Le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) a pointé une organisation du travail défaillante, hors cadre légal et sans contrôle clair des plannings. La DGAC souhaite désormais formaliser le pointage à la prise de poste, ce que certains syndicats perçoivent comme une mise sous surveillance.
En parallèle, la DGAC rappelle qu’un accord salarial a été signé en 2024 avec la majorité des syndicats, comprenant des revalorisations de salaire qui commencent à être appliquées, malgré un contexte budgétaire tendu.
Un impact massif sur les usagers
La DGAC travaille avec Eurocontrol pour détourner certains vols hors de l’espace aérien français, mais les perturbations devraient affecter l’ensemble du territoire. Cette grève intervient alors que les 3 et 4 juillet figurent parmi les journées les plus chargées de l’année en raison des grands départs.
Les compagnies aériennes françaises, réunies mercredi à Paris pour le congrès annuel de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam), tiendront ces revendications au centre des discussions. L’événement se tiendra ironiquement au siège même de la DGAC, alors que les aiguilleurs du ciel s’apprêtent à paralyser une partie du ciel français. Les passagers sont invités à vérifier le statut de leur vol et à anticiper d’éventuelles modifications ou annulations dans les jours à venir.