A J-1 de son exposition gigantesque à Avignon, Jean-Michel Othoniel est proche du jetlag. Ces derniers temps, celui qui joue depuis trente ans avec les reflets et la lumière a dû se transformer en travailleur de nuit pour disséminer avec son équipe 250 œuvres dans dix musées et lieux historiques de la cité papale. Cette star de l’art contemporain français était l’un des rares à être entré vivant dans les collections du Musée du Louvre et le premier à avoir conçu une œuvre pérenne dans les jardins du Château de Versailles. Que lui souhaiter de plus ? Prendre d’assaut toute une ville. C’est la «jouissance suprême» pour celui qui semble avoir trouvé un équilibre entre sa timidité et ses productions monumentales. Est-ce l’homme qui fait l’œuvre ou l’œuvre qui fait l’homme ? On ne se risquera pas à dénouer l’insoluble mystère avec ce passionné de boucles infinies et autres théories sur les nœuds borroméens.
A 61 ans, Othoniel a conservé un physique de jeune premier : visage d’ange, traits réguliers, regard vif à l’éclat noisette, voix posée d’acteur prêt à monter sur les planches. On l’appelle ici pour vérifier l’éclairage d’un astrolabe, là, pour valider le calepinage de ses fameuses briques de verre miroitantes. Reste une dernière photo avant le lever de rideau… quand ce jeune couple voudra bien terminer son selfie devant l’une de ses œuvres.
Le succès populaire est arrivé avec le Kiosque des noctambules, sa première commande publique en 2000. La bouche de métro du