Un quart des vols devraient être annulés ce jeudi 3 juillet 2025 dans les aéroports parisiens en raison de la grève des contrôleurs aériens.

DANIEL SLIM / AFP

Un quart des vols devraient être annulés ce jeudi 3 juillet 2025 dans les aéroports parisiens en raison de la grève des contrôleurs aériens.

FRANCE – Le début d’un bras de fer dans les aéroports français ? Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a exclu ce mercredi 2 juillet de céder aux revendications de syndicats de contrôleurs aériens, qualifiées d’« inacceptables ». De quoi faire craindre un enlisement de la situation à la veille du début d’une grève qui devrait entraîner d’importantes perturbations juste avant les vacances scolaires.

« Je sais combien ces mouvements de grève sont coûteux pour vos compagnies aériennes », a affirmé Philippe Tabarot en clôturant à Paris le congrès annuel de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam), porte-voix du secteur. « Les revendications portées par des syndicats minoritaires sont inacceptables, tout comme le choix de faire cette grève au moment des grands départs en congés », a ajouté le ministre des Transports.

Le trafic devrait ainsi être très perturbé ce jeudi dans les aéroports parisiens et du sud de la France, après un appel à la grève de deux syndicats d’aiguilleurs du ciel pour défendre leurs conditions de travail. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé ce mardi aux compagnies de réduire fortement leurs programmes de vols face à ce mouvement social : un quart des liaisons ont ainsi été annulées jeudi à Paris-Charles-de-Gaulle, Orly et Beauvais, la moitié à Nice, Bastia et Calvi et 30 % à Lyon, Marseille, Montpellier, Ajaccio et Figari.

Pour la journée de vendredi, le trafic sera encore très affecté. La DGAC a ainsi demandé aux compagnies aériennes de réduire de 30 % leurs vols aux aéroports de Lyon, Marseille, Montpellier, Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari. Ce nombre monte même à 40 % aux aéroports parisiens (Roissy, Orly et Beauvais), et reste à 50 % à Nice.

De source proche du dossier, l’aviation d’affaires sera aussi très affectée par ce conflit. « Je suis résolu à tenir bon face à ce mouvement et notamment face à la demande d’abandon d’un certain nombre de dispositions qui avaient pourtant été actées et qui ne sont pas respectées », a martelé le ministre.

« Je suis résolu à tenir bon »

« Je pense notamment à la demande d’abandon de pointeuses pour les contrôleurs », a poursuivi Philippe Tabarot, voyant dans cette revendication « un symbole » de la volonté des syndicats appelant à la grève « d’accomplir ou de ne pas accomplir leur travail comme ils devraient le faire ».

Une réforme est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d’un « incident grave » à l’aéroport de Bordeaux fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) en a fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail de contrôleurs, sans respect du tableau de service.

« Il en va de la sécurité des vols et du sérieux de la profession, et je ne céderai pas sur cette réforme indispensable qui a été engagée depuis un certain nombre de mois », a souligné Philippe Tabarot. Avant lui, le président de la Fnam, Pascal de Izaguirre, avait jugé « tout à fait incompréhensibles » les appels à la grève de contrôleurs.

Côté compagnies, Air France a confirmé avoir été « contrainte d’adapter son programme de vols », sans préciser le nombre d’annulations, mais souligné que son réseau long-courrier ne serait pas affecté.

Les long-courriers d’Air France épargnés

Comme elle, sa filiale low-cost Transavia a indiqué que ses clients concernés étaient informés individuellement et que « des mesures commerciales » permettraient « un report du voyage sans frais ou un remboursement intégral ».

EasyJet, qui a elle aussi annoncé des mesures commerciales, s’est dite « profondément déçu(e) par cette grève, en particulier au vu de la performance actuelle du contrôle aérien français, qui est la principale cause des retards dans l’espace aérien européen cet été ».

Après deux réunions de « conciliation » infructueuses avec la DGAC, le deuxième syndicat d’aiguilleurs du ciel (17 % des voix aux dernières élections professionnelles), l’UNSA-ICNA, a maintenu son appel à la grève jeudi et vendredi. Il a cité parmi ses griefs un « sous-effectif structurel », des « projets techniques en échec » et un « management toxique ».

Le troisième syndicat de contrôleurs, l’USAC-CGT (16 % des suffrages) a rejoint le mouvement mais appelé à la grève seulement pour ce jeudi. Le premier syndicat, le SNCTA (60 % des voix), a indiqué à l’AFP ne pas appeler à la grève. Selon une source proche du dossier, 270 contrôleurs aériens sur quelque 1 400 se sont déclarés grévistes ce jeudi.