PORTRAIT – Le cuisinier de 25 ans a remporté le concours culinaire face à son ami Charlie Anne. Dès le premier épisode, il a fait partie des candidats marquants.

Son talent évident et son histoire personnelle ont marqué les esprits dès les premières minutes de la saison 16 de «Top Chef» . Après quatorze semaines de compétition, Quentin Mauro est allé au bout de l’aventure en remportant, ce mercredi soir, le concours culinaire de M6 face à son ami Charlie Anne.

Son menu très personnel, inspiré de ses racines savoyardes, a conquis les palais des trente chefs étoilés qui jugeaient exceptionnellement la finale. Une victoire qui l’a d’autant plus touché qu’il préférait se voir perdant. « Comme ça, on n’est pas déçu… Et en plus, je ne suis jamais vraiment content de moi, je pense que je peux toujours faire mieux. Du coup, c’était fou ! », confie-t-il.


Passer la publicité

Non content d’empocher un chèque conséquent de 52.650 euros, Quentin Mauro bénéficie aussi d’une récompense inédite : l’ouverture d’un restaurant éphémère dès ce jeudi 3 juillet puis durant tout l’été. Ce dernier se situe sur une péniche à Asnières-sur-Seine, au sein du Bistrot Splash et appartenant au groupe Les Bistrots Pas Parisiens dont Stéphane Rotenberg est actionnaire. Une occasion en or pour tester sa cuisine auprès de son public. « J’y propose un menu dégustation qui me ressemble en six services », précise celui qui était déjà installé en résidence depuis quelques mois dans l’établissement Bonhomie à Paris.

À la recherche d’une identité culinaire

Quentin Mauro n’aime pas les concours. Plus jeune, il s’était lancé dans celui du Meilleur apprenti de France, avait remporté les étapes départementales et régionales avant d’abandonner. Pourtant, il n’a pas hésité lorsqu’il a été approché par la production de «Top Chef» il y a deux ans pour participer à l’émission. « Je pense que c’est l’un des plus beaux concours de création où on te laisse parler de toi avec ta cuisine », analyse celui qui avait rencontré Jorick Dorignac, vainqueur l’an dernier, pendant le casting. Il n’avait finalement pas été pris mais a été rappelé l’été suivant pour la saison 16. Cette deuxième fois a été la bonne.

S’il a participé à «Top Chef», c’était avant tout pour réassurer son chemin en cuisine. « Je voulais confirmer la continuité de mon métier, affirmer certaines choses et assumer une identité culinaire. Je la cherchais depuis longtemps et je pense qu’avec “Top chef”, j’ai gagné deux ans de cuisine en deux mois », précise-t-il. Une identité qu’il a forgée tout au long de la compétition, soutenu par son chef de brigade Glenn Viel. « C’est un mentor humain pour moi. En septembre, je vais aller cuisiner deux semaines chez lui. On a créé un lien exceptionnel, une belle complicité et une belle compréhension », précise-t-il.

La cuisine en héritage

La cuisine et surtout les bons produits, Quentin Mauro a ça dans le sang. Il a grandi près de ses grands-parents (dont la désormais célèbre Mado, son aïeule vue souvent dans l’émission) qui vivaient en autosuffisance. « Ils ont trois hectares en Savoie près de Chambéry, 300 m 2 de potager, des chèvres, des poules, une rivière, une forêt, un étang avec des brochets, des écrevisses… C’est un écosystème. J’ai grandi les mains dans la terre avec eux. C’était la simplicité absolue : on cueillait la carotte qui se retrouvait quelques heures plus tard dans l’assiette », précise le cuisinier aux origines italiennes.

« Je me souviens qu’on laissait vieillir les tomates sur la pierre chaude avant de faire notre sauce tomate, que ma grand-mère faisait dans de grands cuivres. J’essaye de ramener tout ça dans ma cuisine », poursuit-il. Il proposera d’ailleurs, une tomate confite inspirée de ce souvenir dans le menu de son restaurant éphémère.


Passer la publicité

Porté par ce culte du produit et les bons petits plats de la famille, Quentin Mauro commence à s’intéresser à la cuisine à une dizaine d’années. À 14 ans, il effectue son premier stage à Aix-les-Bains dans un restaurant étoilé. « J’ai eu immédiatement un déclic. L’adrénaline, la volonté de toujours faire mieux et l’amour du produit qui était exceptionnel », note-t-il.

Un drame qui vient tout bouleverser

Quelques mois plus tard, il vit un drame en perdant sa maman d’un cancer fulgurant. La cuisine devient alors son refuge, son salut. Il s’y jette corps et âme. « Ça a été une carapace émotionnelle, je me suis dit qu’il ne fallait plus avoir d’émotions. Cela m’a permis, peut-être, de me construire dans ce milieu. Je me disais, “le reste c’est du bonus” et j’avais une vraie rage », confie celui qui avoue ne pas avoir versé une larme au moment de la disparition de sa maman. « J’ai toujours cette rage mais je l’ai transformée en quelque chose de plus simple », note-t-il.

Lors d’une épreuve de «Top Chef», il a justement fendu l’armure face aux inspecteurs du guide Michelin en intitulant l’un de ses plats «déconstruction» et en évoquant la perte de sa mère. Un moment fort vécu auprès de son père qui lui a valu de verser quelques larmes. « C’était beau et ça fait du bien, ça repose les épaules », admet-il aujourd’hui tout en revenant sur le drame de sa vie. « C’était vraiment une déconstruction personnelle. Tu te fais détruire et c’est à toi de te reconstruire tout seul. Juste après avoir obtenu mon brevet avec 10/20, je suis parti tout seul à Avignon, sans famille, pour faire l’école hôtelière. J’avais aussi besoin d’un d’air frais », relate-t-il.

Il enchaîne ensuite les expériences dans des établissements étoilés comme Le Clos des Sens puis officie dans un restaurant péruvien à Lyon avant de participer à l’ouverture d’un palace à Val Thorens et, dans la foulée, de rejoindre Gaëtan Gentil au Prairial dans la Cité des Gones. Après trois ans de collaboration sans faille en tant que sous-chef, Quentin Mauro a quitté son mentor pour «Top Chef».

Un avenir qui s’annonce radieux

De son expérience dans le concours culinaire de M6, il retient notamment les bons moments avec les autres candidats. Les discussions sans fin le soir à propos de la cuisine, le ressenti derrière les fourneaux… « C’est ultra-enrichissant. Je me suis rendu compte que c’était ça qui faisait évoluer : le côté humain, les rencontres, le partage. On est encore tous copains, on passe notre vie ensemble », raconte-t-il. Et si les inspecteurs du Guide Michelin ne lui ont pas décerné d’étoile pour son restaurant éphémère, le jeune homme fera tout pour les décrocher par lui-même lors de la suite de son parcours.


Passer la publicité

Aujourd’hui, il regarde vers l’avenir et celui-ci s’annonce radieux. L’ouverture de cet établissement va lui permettre de réaliser sa cuisine et d’aller à la rencontre du public de «Top Chef». Il signera aussi la carte du Bistrot Splash situé juste à côté de la péniche. Un projet d’ouverture sur trois semaines du restaurant imaginé dans La Guerre des restos avec Charles et Charlie est aussi en projet pour la rentrée prochaine. Avant de peut-être un jour retourner en Savoie… pour boucler la boucle.