Le classement général, pas une priorité

La France attend un successeur à Bernard Hinault depuis 40 ans. Et attendra au moins une année supplémentaire. Sans David Gaudu, qui a renoncé à participer en raison de sa méforme actuelle, seul son coéquipier de la Groupama-FDJ Guillaume Martin-Guyonnet peut espérer un bon classement général final. Deux fois dans le top 10 (8e en 2021 et 10e en 2023), le Normand, 13e et meilleur tricolore en 2024, se contenterait largement d’une place dans ce cercle fermé. Peut-être au prix d’une échappée bien sentie (il en a pris huit sur les deux dernières éditions), lui qui a retrouvé la victoire cette saison après trois ans de disette.

« Il y a un petit creux de génération, décrit Pierre Rolland, 13 Tours de France au compteur. Il faudra être un peu patient avant de voir les Sparfel, Seixas ou Bisiaux. Guillaume Martin-Guyonnet peut viser entre la 5e et la 10e place, je ne le vois pas au-dessus. Mais le classement général, il n’y a que 15 coureurs qui le jouent. Faire 15e du Tour n’a pas une grande valeur. Tu t’accroches tous les jours et tu pries pour prendre une échappée qui te remet dans le jeu. Mais en faisant ça, tu es trop fatigué pour jouer la victoire d’étape face à des coureurs qui se sont, eux, relevés. »

Kévin Vauquelin a déjà remporté une étape du Tour de France, en 2024, à Bologne.Kévin Vauquelin a déjà remporté une étape du Tour de France, en 2024, à Bologne. (Photo archives Etienne Garnier/Pool/EPA)Une palanquée de chasseurs d’étapes… et un maillot distinctif ?

Avec trois victoires (Bardet, Vauquelin et Turgis), le millésime français 2024 avait été meilleur que lors des quatre précédentes éditions. Les cartes sont une nouvelle fois nombreuses en 2025. Lenny Martinez (Bahrain – Victorious), vainqueur sur Paris-Nice, le Tour de Romandie et le Critérium du Dauphiné cette année, et Kévin Vauquelin (Arkéa-B&B Hotels), brillant deuxième de la Flèche Wallonne et du Tour de Suisse, sont les plus cités parmi les meilleures chances tricolores.

« L’année dernière, Lenny (Martinez) est arrivé sur le Tour comme un cheveu sur la soupe, pas préparé et en fin de cycle. Il a été malade, ça a été très compliqué. Ça ne compte pas. Pour moi, c’est son premier Tour cette année. Je pense qu’il a même le maillot de meilleur grimpeur en tête. Ça peut être un gros objectif pour lui », continue Pierre Rolland.

Si « tous les Français au départ (38) ont une chance », à l’image de la deuxième place inattendue de Matteo Vercher (TotalEnergies) à Barcelonnette l’année dernière, « il faut que toutes les planètes soient alignées, y compris pour des Martinez ou Vauquelin ».

D’autres coureurs arrivent avec des ambitions. Partis d’Arkéa-B&B Hotels à l’intersaison, Clément Champoussin (XDS Astana) et Louis Barré (Intermarché-Wanty) impressionnent. Le premier « fait un gros début de saison » et a donné « l’impression d’être en forme ascendante sur le Dauphiné », le second « a tout pour briller : on voit qu’il récupère bien de ses efforts et qu’il passe bien la chaleur. Ce sont des qualités importantes sur le Tour ».

Axel Laurance (Ineos), Valentin Madouas et Romain Grégoire (Groupama-FDJ) essaieront d’aller chercher un premier succès sur un grand Tour tandis que Julian Alaphilippe (Tudor) semble avoir retrouvé des jambes sur le Tour de Suisse.

Les grimpeurs Pavel Sivakov (UAE) et Valentin Paret-Peintre (Soudal Quick-Step), devraient, eux, être cantonnés à un rôle d’équipier pour Pogacar et Evenepoel.

Des sprinters en deuxième ligne

Comme pour le classement général, les sprinteurs français semblent un ton en dessous. « On est un peu dépassé », confirme Pierre Rolland, qui voit, malgré tout, des opportunités s’ouvrir « toute la première semaine avec des sprints en montée ou après des étapes difficiles ».

Des arrivées qui correspondent aux qualités de Bryan Coquard (Cofidis), qui n’a pas brillé depuis janvier et sa victoire en Australie. Emilien Jeannière (TotalEnergies) et Arnaud Démare (Arkéa-B&B Hotels) ont frôlé la victoire sur Paris-Nice, tandis que Paul Penhoët (Groupama-FDJ) est apparu en forme sur le championnat de France. Pour eux, il ne faudra pas perdre de temps car les étapes taillées pour les sprinteurs vont se raréfier en deuxième et troisième semaines.