L’aéroport international de Nice, l’un des plus touchés par la grève des aiguilleurs du ciel, rencontre d’importantes difficultés dans la régulation du trafic aérien depuis mars. Et s’apprête à vivre une saison estivale particulièrement difficile.

L’embarquement est terminé, l’avion est prêt à prendre la direction de la piste, mais faute d’un créneau horaire disponible, les passagers vont devoir patienter entre quinze minutes et une heure dans l’appareil avant de pouvoir décoller. «Les contrôleurs nous imposent d’attendre…», tentent alors d’expliquer les commandants de bord, désormais lassés de ces retards perlés au quotidien.

Voilà la situation type qui se répète à l’aéroport international de Nice Côte d’Azur (Alpes-Maritimes) depuis mars à cause d’une régulation aérienne perturbée. Et cela ne va pas s’arranger. «La situation à l’aéroport de Nice lors de l’été 2025 sera compliquée», indique d’ores et déjà au Figaro la direction générale de l’aviation civile (DGAC).


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Des difficultés qui s’avèrent spécifiques au troisième aéroport français (après ceux de Paris), qui voit passer près de 15 millions de passagers du monde entier. Le mouvement de grève nationale des contrôleurs aériens est suivi à Nice et la moitié des vols sont annulés jeudi et vendredi, une sacrée galère en perspective pour le début des vacances scolaires dans cette région très touristique.

Acteurs pénalisés

Mais le mal est plus profond et récurrent sur les tarmacs niçois. Les retards s’accumulent depuis plusieurs mois. Des alertes concernant une situation déjà dégradée avaient été émises dès l’été dernier. Le 2 mai, la DGAC annonçait que «sous deux semaines», les choses allaient s’améliorer. Las, rien ne s’arrange vraiment et l’ensemble des acteurs concernés s’agacent.

«Nous connaissons un nombre de retards qui pénalisent à la fois les passagers, les compagnies et l’aéroport», déplore Franck Goldnadel, le président du directoire de l’aéroport de Nice. «Je connais le professionnalisme des contrôleurs aériens mais c’est un service public, il se doit d’être à la hauteur», ajoute l’ancien patron d’Orly et de Roissy.

Les avions qui décollent et atterrissent sur la Côte d’Azur sont dépendants de deux tours, celles de Nice et d’Aix-en-Provence. Et sur ces deux points de passages, des embouteillages dans le ciel se créent. «Chaque contrôleur peut gérer un nombre limité d’avions dans un espace donné», rappelle la DGAC. Et à Nice, les contrôleurs manquent. Ils sont aujourd’hui 78 alors qu’il en faudrait 90, précise l’autorité.

Recrutés mais pas encore formés

«D’autres contrôleurs ont été recrutés mais il faut savoir qu’ils ont un temps de formation assez conséquent sur place avant de pouvoir être opérationnels. Cela va donc prendre un certain temps, au moins un ou deux ans avant que le nombre de contrôleurs sur place soit à effectif nominal», détaille la direction de l’aviation.


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Pour ne rien arranger, la DGAC reconnaît un «climat social assez tendu à Nice», ce qui explique que le mouvement de grève soit assez soutenu localement. «Il y a une mauvaise volonté spécifique aux contrôleurs de chez nous», lâche un connaisseur du dossier.

Conséquences de ces retards, des rotations retardées voire des vols régulièrement annulés, des passagers agacés, des compagnies lésées, une destination abîmée. Dès le matin, les vols partent avec du retard, ce qui en fin de journée, rend la programmation intenable. Dans un courrier adressé au ministre des Transports Philippe Tabarot, le député niçois Éric Ciotti, passager régulier de la navette Orly-Nice comme l’ensemble des élus, parle d’une «situation devenue particulièrement préoccupante» et d’un «déséquilibre plus profond dans la gestion opérationnelle».

«Travail important» du ministre

«Je ne l’ai pas attendu pour m’attaquer aux difficultés que connaît le contrôle aérien, partout sur le territoire et en particulier à Nice. Je conduis sur cet enjeu un travail important avec la DGAC, les compagnies et le président de l’aéroport de Nice», répond le ministre au Figaro, qui assure désormais en faire «une priorité».

Plus de 20% des retards à Nice cette année s’expliquent par la régulation aérienne, un pourcentage qui a grimpé à plus de 30% au mois de mai, apprend-on auprès de l’aéroport niçois. Il pourrait encore augmenter cet été au vu de la croissance du trafic estival. «Je suis à la fois vigilant, inquiet et je veux continuer à me battre pour trouver des solutions car je ne m’habituerais jamais à cette situation», martèle Franck Goldnadel, qui en fait aussi un dossier prioritaire.

EasyJet diminue son programme de vols

Cible privilégiée concernant les critiques sur la ponctualité, EasyJet, première compagnie à Nice, dénonce également ces retards. Ses rotations à travers l’Europe, souvent express, se retrouvent ainsi perturbées. «On tape du poing sur la table, on veut que la DGAC apporte une solution pérenne car cela est tout à fait inadmissible», a réagi Bertrand Godinot auprès du Figaro, le patron d’EasyJet France. Ce dernier explique qu’il avait même fait une proposition pour que le contrôle aérien italien prenne une partie de celui de Nice pour fluidifier le trafic.


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«On subit la situation et cela a des conséquences sur notre image», poursuit-il, alors qu’EasyJet a fait de Nice sa première base de France avec aujourd’hui 52 destinations. Mais, déjà, la compagnie avait «anticipé», explique-t-il, en programmant moins de vols à Nice, qui reste pourtant la grande ville la plus enclavée du pays. Près de 122 destinations directes sont disponibles depuis l’aéroport du bord de la baie des Anges, dont 13 longs courriers vers le Moyen-Orient et l’Amérique du Nord.