Voilà qui devrait écorner encore un peu plus la notion déjà singulièrement rassie de « bon père de famille ». Car c’est bel et bien un père de famille, trois enfants, un petit-fils, un travail stable à Aubagne, qui a été condamné mardi dernier 1er juillet par le tribunal correctionnel de Marseille, après avoir été interpellé en flagrant délit avec une prostituée mineure. Constantin S. a écopé de 18 mois de prison dont 9 mois de sursis simple.
Six mois plus tôt, un matin de janvier 2025, c’est un ouvrier affairé sur un chantier à proximité du square Labadié, surnommé « La Rotonde« , qui avait donné l’alerte. Dans ce quartier du Chapitre, coincé entre la gare Saint-Charles et les Réformés, marqué depuis des décennies par la présence de prostituées – notamment mineures – et de toxicomanes, l’ouvrier avait vu une adolescente monter dans la voiture du quinquagénaire, qui s’était ensuite engouffrée dans le parking Gambetta.
Au 3e sous-sol d’un parking, la police avait surpris les ébats
Au 3e sous-sol, un équipage de la police municipale les avait surpris en pleins ébats sexuels.
Devant les enquêteurs, l’adolescente, née en avril 2008, avait reconnu avoir accepté 50 euros en échange d’un acte sexuel. « Le client m’a demandé mon âge, j’ai répondu 19 ans. Il ne savait pas que j’étais mineure et ne m’a pas forcée », avait précisé la jeune fille aux enquêteurs. Placée depuis l’âge de deux ans, ballottée de foyer en foyer, elle portait sur elle un poing américain, maigre défense contre d’éventuels clients violents. Mais son apparente minorité, remarquée par plusieurs témoins, avait mis à mal cette version.
Mardi, devant les juges de la 5e chambre, où défilent plus souvent qu’à leur tour les protagonistes d’affaires de violences intrafamiliales (VIF), plus rarement des clients de prostituées, a fortiori mineures, le technicien de laboratoire a admis les faits, contestant toutefois avoir eu connaissance de l’âge réel de la jeune prostituée. Il a décrit une scène dans laquelle, passagère du bus devant lui, elle lui aurait proposé, usant de gestes obscènes, une prestation sexuelle, avant de descendre du transport en commun et de le suivre dans le parking.
« Client d’habitude »
Des explications auxquelles n’a guère adhéré la procureure Agnès Rostoker, convaincue qu’en se rendant au square Labadié, ce « client d’habitude » ne pouvait ignorer qu’il jetait en pâture, plus qu’il n’abritait, des prostituées mineures. D’autant que l’Aubagnais, s’il n’avait jamais été condamné auparavant, avait déjà été signalé une fois pour corruption de mineure.
Outre les 18 mois de prison et à titre de peine complémentaire, Constantin S. a été interdit de toute activité professionnelle ou bénévole avec des mineurs pendant cinq ans, et il est désormais inscrit au Fijeais (fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes, NDLR).