Face à la concurrence économique chinoise et américaine, la boussole pour la compétitivité trace la voie de la contre-offensive européenne

Les technologies quantiques sont appelées, dans les années à venir, à transformer en profondeur l’industrie informatique et des semi-conducteurs (avec la création de puces quantiques). Dans le domaine de la santé, la technologie quantique devrait permettre un diagnostic plus précoce grâce à des capteurs d’imagerie et accélérer le développement de médicaments. Elle devrait aussi faire progresser la cryptographie pour la sécurité des données et les communications ultra-sécurisées. Et ce ne sont là que quelques exemples.

De nombreux atouts et des fragilités

C’est pour jouer un rôle de premier plan dans cette révolution quantique que la Commission européenne a adopté, mercredi, la stratégie « Quantum Europe ». Son ambition ? Positionner l’Europe en tant que chef de file mondial dans le domaine du quantique d’ici à 2030.

L’Europe possède déjà de très nombreux atouts. Elle se classe, par exemple, au premier rang mondial pour le nombre de publications scientifiques dans le domaine des technologies quantiques. Elle abrite également un tiers des start-up quantiques mondiales.

« Pourtant, notre écosystème industriel reste fragile en raison du soutien fragmenté entre les États membres et d’un accès plus limité aux financements privés comparé aux États-Unis et à la Chine », a expliqué Henna Virkkunen, vice-présidente de la Commission européenne chargée de la souveraineté technologique. Actuellement, les entreprises européennes ne captent que 5 % des investissements privés mondiaux (contre 50 % pour les États-Unis). « Cela rend difficile le passage de la recherche à l’industrie, et augmente le risque de voir les start-up européennes disparaître, être rachetées par des entreprises étrangères ou s’installer dans des régions où les financements sont meilleurs ».

Un énorme potentiel

La stratégie « Quantum Europe » adoptée mercredi vise donc à renforcer la coordination entre les États membres, à favoriser la création d’un écosystème quantique européen « résilient et souverain », à stimuler les investissements privés et la croissance des start-up.

« D’ici à 2040, le secteur des technologies quantiques devrait créer des milliers d’emplois hautement qualifiés dans toute l’UE et dépasser une valeur mondiale de 155 milliards d’euros. »

Plus de 11 milliards d’euros de financements publics (européens et nationaux) ont déjà été engagés au cours des cinq dernières années dans les technologies quantiques, a souligné Henna Virkkunen, ajoutant que, d’ici à 2040, le secteur des technologies quantiques devrait créer des milliers d’emplois hautement qualifiés dans toute l’UE et dépasser une valeur mondiale de 155 milliards d’euros.

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La stratégie « Quantum Europe » cible cinq domaines : la recherche et l’innovation, les infrastructures quantiques, le renforcement de l’écosystème, les technologies spatiales et à double usage, et les compétences quantiques.

Parmi les premières mesures annoncées, on peut épingler une initiative conjointe pour soutenir la recherche et le développement dans des secteurs clés, ainsi que la création d’une infrastructure de conception et de lignes pilotes pour les puces quantiques « afin de transformer des prototypes scientifiques en produits commercialisables ».

Une nouvelle législation sur les technologies quantiques (Quantum Act) sera proposée en 2026 pour encadrer et appuyer la stratégie de la Commission.