Par

Léa Afonso

Publié le

13 avr. 2025 à 9h50

Découvrir le monde et l’art grâce au tatouage de prison, c’est l’idée de la toute nouvelle exposition du Castelet à Toulouse, nommée « Des murs sur la peau ». Fruit d’un partenariat avec l’association La Rutile, qui développe l’art du tatouage en prison, elle propose un parcours chronologique au travers le monde du tatouage français et international. Immersion.

De la criminologie aux années 60

Le parcours de visite débute au 19e siècle, époque durant laquelle le tatouage est stigmatisé. « Dans cette première partie, on s’intéresse à la perception du tatouage par Lombroso et Alexandre Lacassagne, criminologues italien et français de l’époque, qui développent l’idée que les personnes tatouées ont plus de chances d’être de potentiels criminels », explique Émeline, médiatrice de l’exposition.

Des tatouages comme des cartes d'identité des détenues, où les visages n'étaient pas forcément pris en photo
Des tatouages comme des cartes d’identité des détenues, où les visages ne sont pas forcément pris en photo (©Léa Afonso / Actu Toulouse)

« C’est une période où on vient exhiber certaines personnes, dont les tatoués ». Plus tard dans le temps, des photos sont prises, de manière très brute, sans artifices. Au fil des ans, « les tatouages créent comme des cartes d’identité des détenus, pour que les personnes soient ensuite identifiées. On n’essaie pas de faire beau. Bien souvent, les visages ne sont même pas pris en photo, on se focalise sur les dessins marqués sur la peau », ajoute la médiatrice.

Une deuxième salle « punk »
Une salle punk, qui montre l'influence du tatouage de prison sur l'art
Une salle punk, qui montre l’influence du tatouage de prison sur l’art (©Léa Afonso / Actu Toulouse)

Déconseillée aux moins de 12 ans en raison de ses messages provocateurs, la deuxième salle de l’exposition se concentre sur le travail de Moolinex, artiste punk des années 60-70. « Ici, on a voulu montrer comment le tatouage, assimilé à la prison quelques années plus tôt, peut influencer le monde de l’art contemporain. C’est quelque chose de très visuel, qui montre une vraie révolte », complète Romane, une seconde médiatrice de l’exposition.

Vidéos : en ce moment sur ActuArrivée au tatouage international

Si jusque-là, on s’est intéressé au tatouage Français, l’exposition se poursuit dans le monde international. Un passage par le tatouage Russe dans les années 2000, avec un reportage photo. « Les détenus se faisaient tatouer des portraits de Staline, ou bien des symboles de l’empire soviétique sur le corps, non pas en adoration ou en vœu d’allégeance, mais davantage pour ne pas se faire tirer dessus. On ne pouvait pas ‘tirer sur le dirigeant’. C’était aussi un moyen de communiquer entre détenus », complète Romane. Des messages qui disent à peu de chose près, l’inverse de ce qu’il paraît.

Immersion dans le tatouage russe, où les symboles de l'empire soviétique sont tatoués sur la peau des détenues en signe de rébellion
Immersion dans le tatouage russe, où les symboles de l’empire soviétique sont tatoués sur la peau des détenues en signe de rébellion (©Léa Afonso / Actu Toulouse)

Passage ensuite par l’art du tatouage des gangs d’Amérique latine et des Yakuzas au Japon. Pays dans lequel à l’heure actuelle, les tatouages sont encore très mal perçus car « assimilés à la mafia et au monde carcéral ».

L'art du tatouage chez les Yakuzas
L’art du tatouage chez les Yakuzas (©Léa Afonso / Actu Toulouse)Du matériel artisanal

Le parcours se termine par une exposition de dermographes artisanaux : les machines qui servent à tatouer, bien souvent construite de manière très artisanale en prison. « Les détenus ont toujours utilisé ce qu’ils avaient sous la main pour construire les dermographes et trouver de l’encre. Feuilles de bibles brûlées ou poussière de brique pour l’encre, bouchon de bouteille pour réservoir d’encre, fil de guitare en tant qu’aiguille… ».

Du matériel artisanal, de fortune pour tatouer, qui ne respecte pas toujours les conditions d'hygiène
Du matériel artisanal, de fortune pour tatouer, qui ne respecte pas toujours les conditions d’hygiène (©Léa Afonso / Actu Toulouse)

Rappelons « qu’il a toujours été interdit de se tatouer en prison, et pourtant, les détenus l’ont constamment fait », termine Romane.

Infos pratiques :
Du mardi au dimanche, de 11 h à 18 h
Adresse : 18 bis Grande Rue Saint-Michel
Tarif : 3 €
Réservation

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