Par
Rédaction Paris
Publié le
3 juil. 2025 à 10h35
Le juge d’instruction a suivi les réquisitions du parquet. Le mari d’Assia M., mère de famille étranglée, démembrée et dont le corps avait été retrouvé en février 2023 au Buttes-Chaumont dans le 19e arrondissement de Paris, sera jugé devant la cour d’assises pour meurtre par conjoint.
Meurtre par conjoint : une circonstance aggravante
Le renvoi de Lakhdar M. devant les assises, révélé par Le Parisien et confirmé mercredi 2 juillet 2025 à l’AFP par des sources proches du dossier, a été décidé le 23 juin 2025 par le magistrat chargé du dossier. La qualification de meurtre par conjoint est une circonstance aggravante et lui fait encourir la réclusion criminelle à perpétuité.
Le mis en cause, employé dans un supermarché, en arrêt maladie depuis peu, avait signalé la disparition de son épouse à la police le 3 février. La découverte du corps d’Assia M., 46 ans, disséminé dans le parc parisien mi-février 2023, avait suscité une vive émotion. L’homme avait finalement été mis en examen et écroué le 25 février 2023.
Le reste du corps de la défunte avait été découvert dans des sacs poubelle, derrière un muret, dans une friche industrielle à Bobigny, sur ses indications lors de la garde à vue.
« La thèse accidentelle […] est grotesque »
Âgé aujourd’hui de 52 ans, Lakhdar M. est en détention provisoire. Selon l’ordonnance de renvoi dont l’AFP a eu connaissance, il a avancé de manière constante au cours de l’enquête qu’une dispute avait éclaté avec son épouse le 30 janvier 2023, à cause de difficultés financières qui affectait grandement leur couple, et qu’il l’avait étranglée pour « la faire taire vu qu’elle criait ». Il niait avoir « voulu la tuer » ou « lui faire du mal ». Il est soupçonné d’avoir ensuite caché le corps dans leur appartement, situé à Montreuil, puis de l’avoir découpé avec une scie le 2 février, et d’avoir simulé sa disparition.
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« L’instruction a permis d’établir qu’Assia avait été tuée par étranglement, après avoir subi de nombreuses violences, et avant d’être découpée méthodiquement. La thèse accidentelle avancée par le mis en cause est grotesque », a affirmé Me Pauline Rongier, avocate de plusieurs membres de la famille de la victime, sollicitée par l’AFP.
« Les auteurs de féminicides doivent cesser d’espérer qu’en faisant disparaître ou en découpant le corps de leur victime, ils vont faire disparaître les preuves et échapperont à la justice », a-t-elle ajouté.
Selon les derniers chiffres officiels publiés fin novembre 2024, quelque 271 000 victimes de violences conjugales, à 85 % des femmes, ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2023 en France. Sur la même année, 96 féminicides conjugaux ont été recensés.
« Aucun trouble psychiatrique »
D’après l’ordonnance de renvoi, les autopsies ont révélé de nombreuses ecchymoses et hématomes sur différentes parties du corps d’Assia, qui selon le médecin légiste n’ont pu survenir que de son vivant et sont liés à des chocs et/ou des coups portés pour la majorité entre quelques minutes et quelques heures avant sa mort.
Deux membres de la famille de la victime ont expliqué pendant l’enquête qu’Assia leur avait exprimé son mal-être et avoir le sentiment qu’elle allait mourir prochainement, étranglée.
Lakhdar M. « a dit tout au long de l’enquête qu’il n’avait jamais voulu la mort de son épouse, qu’il n’avait jamais voulu la tuer », avait déclaré à l’AFP début juin son avocate, Me Dominique Beyreuther.
Si le suspect a invoqué un « trou noir » lors des faits, il ne souffrait d’aucun trouble psychiatrique et son discernement n’était ni aboli ni altéré au moment des faits, selon les deux expertises réalisées.
L’ordonnance souligne qu’il n’a pas appelé les secours pour tenter de sauver sa femme. Au cours des investigations, Lakhdar M. a dit avoir « agi, au constat de mort de son épouse, dans un état de sidération, d’irréalité de dissociation mentale, l’anesthésiant de ses émotions », selon l’ordonnance de renvoi. Les trois enfants du couple ont été placés.
Avec AFP.
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