Avant Hervé Morin en octobre, elle recevait mercredi David Lisnard, maire de Cannes.
Sans doute lassé par la politique qui le nourrit depuis son premier salaire (attaché parlementaire de Jacques Maillard, député maire et président de l’association des maires de France comme lui aujourd’hui), David Lisnard prépare sa reconversion en dédicaçant des ouvrages, pratique le seul-en-scène et se fait des films. Le contraire serait étonnant.
Beaucoup moins antipathique que ne laissait penser ses agressives saillies sur les réseaux sociaux (il accusa, entre autre, Météo France de ne pas l’avoir prévenu d’une tempête ayant frappé sa ville de Cannes) David Lisnard tente de faire oublier qu’il est avant tout un héritier en présentant comme originales les vieilles lunes libérales qui dénoncent depuis 300 ans un Etat incapable, ponctionneur, et paralysant.
Enchanté de s’écouter parler, il menace les spectateurs (240 personnes au plus fort de la soirée – que l’élue LR lyonnaise Béatrice de Montille – en tant que cheffe locale du micro parti Nouvelle Énergie, et qu’on a connu plus acérée – transforme par multiplication des sièges en 400 présents) de faire un show de 5 heures (« ceux qui me connaissent ici savent que j’en suis capable »). La salle Molière, délicieusement climatisée, frémit.
C’était une vanne. En théorie on pourrait avoir le droit à un discours politique. Mais décidément la politique et David Lisnard ce n’est plus ça. Sans doute mis en difficulté par la chaleur étouffante qui règne sur les quais de Saône, le Cannois déroule dans le désordre un discours confus à l’extrême : « Je devais vous montrer des slides mais je ne suis pas du tout parti comme prévu », reconnaît-il, enchanté de la liberté qu’il s’octroie de dériver dangereusement, comme lorsqu’il confond la date de naissance de son père décédé en 2024 (« tragédie personnelle ») avec celle de l’attaque du Hamas tout simplement qualifiée de « Pogrom ».
Aussi mal lancé, il serait regrettable de ne pas se donner l’occasion d’aligner les contradictions politiques : l’Algérie est à la fois un État souverain qu’il faut respecter et un régime d’oppression qui cherche à étouffer la voix libre de la France en condamnant Boualem Sansal… Nicolas Dupont-Aignan est ce caillou dans la chaussure qui avec ses 3% empêche le candidat LR d’arriver au second tour de la présidentielle mais Valérie Pécresse a fait 4%… Nouvelle Énergie est très faible à l’échelle de la France mais son président annonce à Bruno Retailleau son intention de devenir « dominant dans le pays »… Il faut réduire les dépenses de l’État mais augmenter celles des collectivités locales…
Dans ce salmigondis où le flou côtoie la petite phrase approximative – il serait de bon ton qu’à Lyon on parle un peu de Lyon. Mais de la capitale des Gaules on ne dira rien – à part qu’elle abrite plus de graffitis qu’à Cannes – et qu’il serait de bonne politique que Béatrice de Montille soit maire en 2026.
Mais pour l’essentiel David Lisnard se voit comme le prochain Président de la République qui fera de la France une « superpuissance éducative à l’égale de la Finlande » oubliant dans la foulée qu’il y a bien longtemps que le petit pays ne trône plus en tête des classements PISA.
L’ensemble se termine par une séance dédicace pour une partie du public conquis. Il faut de tout pour faire un (petit) monde.