Premier couac gouvernemental en Allemagne : la coalition composée des conservateurs du chancelier Friedrich Merz et des sociaux-démocrates traverse ses premières difficultés. Car après cinq heures de délibération mercredi soir, les partis de la coalition en place depuis moins de trois mois n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une baisse de la taxe sur l’électricité pour les ménages.
Cette promesse pourtant phare de leur programme visait à soulager particuliers et entreprises face aux tarifs encore élevés de l’énergie, après les pics observés dans la foulée de la guerre en Ukraine, dans un pays longtemps très dépendant du gaz russe.
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Dans leur accord, les conservateurs de la CDU, leur allié bavarois de la CSU, ainsi que les sociaux-démocrates du SPD s’étaient engagés à réduire la taxe sur l’électricité le plus rapidement possible « pour tous ». Le coût de la réduction pour les ménages était estimé à 5,4 milliards d’euros supplémentaires l’an prochain. Mais le gouvernement n’a pu s’accorder sur les mesures d’économies à réaliser pour financer cette mesure. Finalement, la mesure ne bénéficiera qu’à l’industrie, l’agriculture et la sylviculture, négligeant les artisans et les particuliers.
Le chancelier Friedrich Merz (CDU) et le ministre des Finances Lars Klingbeil (SPD) ont justifié cette décision par les contraintes budgétaires, suscitant de nombreuses critiques au sein même de leur camp politique. « La première crise gouvernementale majeure a éclaté avec une rapidité surprenante, et pour des sommes étonnamment modestes », constate l’hebdomadaire die Zeit. « Tenez vos promesses ! », avait lancé, en vain, le populaire tabloïd Bild avant les négociations finales.
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Car si Friedrich Merz vient de présenter un ambitieux plan de centaines de milliards d’euros pour moderniser le pays, financé par la dette, ces dépenses se concentreront sur les investissements et ne permettent pas toutes les largesses budgétaires au gouvernement. Cette première confrontation ravive le spectre des tensions internes qui avaient paralysé la coalition précédente, dirigée par le social-démocrate Olaf Scholz, et mené à son implosion, précipitant la tenue d’élections anticipées en février.