Originaire des Îles Marquises, en Polynésie française, Loma Hikutini découvre le volley dès son plus jeune âge, à 7 ans. Elle se prend d’affection pour ce sport qu’elle pratique sans règle et sans contrainte, jusqu’au jour où un accident de la route lui arrache sa jambe gauche et une part de sa joie de vivre. À seulement 23 ans, la vie de la jeune femme basculait. « Sans mes deux fils, je ne sais pas si j’aurais pu surmonter ça, avoue-t-elle. C’était dur physiquement, mais encore plus mentalement. »
Une déchirure qui a mis plus de 30 ans à guérir, jusqu’à l’année dernière. En rejouant au volley à Quimper, Loma Hikutini a retrouvé son amour de jeunesse qu’elle croyait disparu à jamais.
« Une discipline inclusive »
« J’étais si contente en tombant sur une annonce dans le journal. Je me suis dit “tiens, ça existe le volley assis !”. Alors je suis venue directement de Brest jusqu’ici. »
Ils sont une dizaine à participer aux entraînements de volley-ball assis à Quimper. Certains sont valides, d’autres sont handicapés plus ou moins gravement. Aleksander Klessa, dit Ali, le coach de l’équipe, explique : « C’est une discipline inclusive, qui n’est pas réservée aux personnes en situation de handicap. Il existe simplement une classification des joueurs en fonction de la gravité de leur handicap. Par exemple, pour jouer en équipe nationale, une amputation ou autres conditions physiques exceptionnelles sont requises. C’est le cas de Loma. »
Une progression impressionnante
Cette dernière se souvient de son premier entraînement de volley assis avec l’équipe quimpéroise, en septembre. « Je suis du genre réservée, mais quand je suis arrivée ici, j’ai oublié tout le reste. Dans ma tête, je ne pensais qu’au volley-ball, c’est toute ma vie. »
Avec son passé de volleyeuse, la Polynésienne se démarque rapidement des autres. Elle sait réceptionner, passer, et surtout servir. Le plus dur pour elle ? Les déplacements. « À 57 ans, ce n’est pas évident de se déplacer dans toutes les directions sur les fesses. Parfois, j’oublie même de bouger », en rigole la Brestoise.
Mais Loma Hikutini est passionnée et progresse vite. À tel point qu’elle a été appelée en équipe de France de volley assis pour des stages au mois d’avril et de mai, puis pour les compétitions officielles de cet été. Ali, son coach, est le fier témoin de son ascension. « Elle a un potentiel énorme en quelques mois de volley assis. Je suis sûr qu’elle peut faire de belles choses, à force de travail. »
« Je veux aller aux Jeux de Los Angeles »
La doyenne de l’équipe de France réalise doucement ce que cette sélection signifie, qu’elle considère comme le plus bel achèvement de sa vie. Elle reprend peu à peu goût à la vie, grâce au volley. Le sport a été le déclic d’acceptation pour elle. Elle s’autorise aujourd’hui à retourner à la plage, ou à se déplacer sans sa jambe artificielle en dehors de chez elle, ce qu’elle n’imaginait pas il y a un an. La volleyeuse se prend même à rêver. « Je veux participer aux Jeux paralympiques de Los Angeles. Et pourquoi pas aller au bout avec l’équipe de France ? Puis, j’aimerais retourner à Tahiti pour montrer aux Polynésiens ce qu’est le volley assis. » Ali ne peut qu’approuver en souriant.