Le puissant numéro 8, après s’être laissé vivre au point de ne pas voir son contrat prolongé, s’est enfin réveillé. Face au Stade Toulousain, ce dimanche en quart de finale, ses charges feront rugir Mayol de plaisir.
Il s’était laissé aller. Retrouvant sa nonchalance qui avait pu lui jouer des tours. «Je suis quelqu’un de très tranquille qui ne craint pas la pression», a-t-il l’habitude de dire. Ses entraîneurs le résument autrement. «C’est un joueur atypique, qui a parfois du mal à se cadrer. Mais quand il le décide, il est tout simplement incroyable…» Mais, à force de sembler peu concerné aux entraînements, pas assez concentré en match, Facundo Isa avait fini, il y a quelques mois encore, par désespérer son club de cœur. Car, entre le puissant troisième-ligne argentin et le RCT, c’est une longue histoire.
Fort d’une Coupe du monde junior réussie avec les Pumitas en 2013, il avait tapé dans l’œil du recruteur varois, Laurent Emmanuelli. Pour poser ses valises sur la Rade à seulement 19 ans. Mais trop jeune, trop loin de ses proches, déraciné, le jeune homme avait vite été rattrapé par le mal du pays. Barré par les stars toulonnaises de la grande époque, il n’avait joué que dix minutes au point de demander, et d’obtenir, que son contrat soit résilié et de rentrer près des siens moins d’un an après son départ. Un échec. Pour une farouche volonté de revanche.
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Quatre ans plus tard, devenu un Puma respecté et redouté, ‘’Kundo’’ (son surnom) est sollicité par de nombreux clubs européens, dont le Stade Toulousain où Ugo Mola veut faire venir ce joueur puissant balle en mains et gratteur sans peur. Mais Toulon se manifeste à nouveau. «J’avais dit à mon agent de donner ma priorité à Toulon. J’étais encore vexé de mon premier passage et je voulais ma revanche. Je voulais me faire découvrir par ce public si particulier, Des fanatiques ! Mon caractère de champion a pris le dessus…»
Il rejoindra la Section paloise l’été prochain
En 2017, après une pige de trois mois au LOU pour patienter jusqu’à l’été, Facundo Isa retrouve donc la Rade. Et prend sa revanche. Il s’installe comme titulaire, devient l’un des chouchous de Mayol. Jusqu’à la saison dernière. Après la Coupe du monde terminée à la 4e place avec l’Argentine (il compte 49 sélections à 31 ans), le guerrier se relâche. Perd sa place, n’apparaît plus que sporadiquement. Un état de léthargie qui se prolonge, déborde sur le début de cette saison. Au point de ne pas convaincre le RCT de prolonger celui porte le maillot au Muguet depuis neuf saisons. L’été prochain, il rejoindra donc la Section paloise.
Piqué par cet au revoir, l’Argentin retrouve enfin son tranchant. Ses charges de buffle enragé, capable d’avancer avec plusieurs défenseurs sur le paletot, font de nouveau gronder Mayol. Il redevient un premier choix pour Pierre Mignoni. Une reviviscence, et ce n’est pas un hasard, qui coïncide avec le retour aux avant-postes du RCT.
« Je veux profiter le plus possible de ce public. J’ai juste envie de leur dire merci. Je veux écrire l’histoire du club. Il me reste trois mois et je veux laisser autre chose, un truc qui marque… »
Facundo Isa
La semaine dernière, lors du 8e de finale complètement fou contre les Saracens de Londres, sa prestation résume sa carrière. Une première demi-heure en roue libre, pour offrir deux cadeaux, et deux essais, à son compatriote Juan Martin Gonzalez. Et un réveil tonitruant : trois essais inscrits, 87 mètres gagnés ballon en main, 11 plaquages assénés pour un seul raté. Acclamé par Mayol lors de son entrée sur la pelouse pour ce qui était son 150e match sous le maillot du RCT, il sortira sous des ovations encore plus nourries.
«Les gens l’aiment parce que c’est un lion sur le terrain. Toulon doit beaucoup à ‘’Facu’’. Nous devons jouer pour lui car on n’a pas toujours la chance d’avoir un mec comme ça», soulignera son coéquipier, le deuxième-ligne Matthias Halagahu. Désigné homme du match, Isa justifiera sa prestation au nom de cette relation spéciale tissée saison après saison. «Je veux profiter le plus possible de ce public. J’ai juste envie de leur dire merci. Je connais la responsabilité de porter ce maillot. J’essaie de le laisser le plus haut possible avant de partir. Je veux écrire l’histoire du club. Il me reste trois mois et je veux laisser autre chose, un truc qui marque…»