Le tanker russe, immobilisé depuis 67 jours au large du département de la Loire-Atlantique en raison des sanctions européennes, a soudain repris la mer mercredi soir. Ses 29 marins philippins se dirigent désormais vers la mer des Caraïbes.
Mercredi soir, aux alentours de 22h, les moteurs du Maisha, tanker de la flotte fantôme russe, se sont enfin rallumés. C’est la fin de 67 jours d’immobilisation au large du département de la Loire-Atlantique, révèle Ouest-France ce matin. Le pétrolier de près de 300 mètres, placé sous le pavillon d’Antigua-et-Barbuda, y était depuis le 20 mai 2025. À son bord, 29 marins philippins.
Après deux mois amarré entre l’île de Noirmoutier et Belle-Île-en-Mer, le navire quitte désormais les abords des eaux françaises pour se diriger vers celles, tropicales, de la mer des Caraïbes : il est attendu à Willemstard, capitale du Caraçao, le 15 juillet. Un départ soudain, puisque Libération révélait qu’au matin du 1er juillet, aucune levée d’ancre n’était prévue. La situation ne semblait en effet pas près d’être débloquée.
Le Maisha, soupçonné de transporter du pétrole brut russe, est placé sur la liste noire de la flotte fantôme de Moscou. Le pétrolier, en route pour le Danemark, avait alors reçu l’interdiction d’accoster dans un port de l’Union européenne. Justifiant cette décision, le Conseil de l’Union européenne précise la nécessité de « restreindre encore l’activité des navires qui font partie de la flotte fantôme de pétroliers, ou qui contribuent aux recettes énergétiques de la Russie », car « la Russie est de plus en plus tributaire des recettes énergétiques pour financer sa guerre d’agression illégale contre l’Ukraine ». Moscou est en effet toujours visé par de lourdes sanctions européennes, et utilise sa flotte fantôme pour les contourner.
«Ils n’ont pas à être mêlés à des problèmes géopolitiques »
Victimes directes de cette stratégie : les marins de la flotte. La Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) s’est saisie de l’affaire, particulièrement inquiète de la situation des passagers du navire. Selon Geoffroy Lamade, inspecteur de l’ITF, l’équipage n’avait pas été ravitaillé en vivres et carburant, et la situation a bord commençait à être critique. « Ce ne sont pas des trafiquants, ni des pirates, mais des marins qui passent leur vie sur l’eau, dans l’unique but de nourrir leur famille aux Philippines. Ils n’ont pas à être mêlés à des problèmes géopolitiques », raconte l’inspecteur à Ouest France.
D’autres facteurs pourraient être à l’origine du départ précipité du Maisha. Le vieux navire, construit en 2002, appartient à la compagnie Seaserenity Shipping Ltd. Selon Ouest France, le commandant de bord était en contact avec cette société grecque depuis plusieurs jours, ainsi qu’avec la préfecture maritime de l’Atlantique. La visite mercredi 2 juillet d’un navire de la Marine nationale aurait aussi permis de trouver une issue.