Suite à l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, des réfugiés ukrainiens ont trouvé asile en France, notamment dans le Val-de-Marne. A Champigny-sur-Marne notamment, 230 personnes ont été accueillies au camping Marvilla Paris Est, dans le cadre d’un accueil temporaire, accompagnées socialement par l’association Coallia. “Cet hébergement avait vocation à être provisoire, une partie de la population accueillie ayant choisi de retourner en Ukraine tandis que l’autre partie avait émis le souhait de s’installer de façon plus durable et s’est vue proposer un logement adapté”, fait savoir la préfecture, sollicitée par 94 Citoyens.

Mais, sur les 70 familles installées dans le camping, plusieurs n’ont pas saisi les propositions d’hébergement ailleurs, en raison du travail, de problèmes de santé ou d’autres circonstances personnelles. “Au maximum, deux propositions sont faites. Sinon, les familles qui refusent sont sorties du programme d’hébergement d’urgence et ne sont plus accompagnées par la suite, déplore Mykola, arrivé en 2019 pour travaillé et rejoint par sa femme et son fils au début de la guerre. “C’est comme si on nous relogeait n’importe où, sans prendre en compte notre situation”, estime-t-il. “Pendant la première année, on a reçu des orientations vers des logements, mais on avait juste le nom de la ville et de la région, sans description, ni conditions, ni précision sur qui allait nous héberger”, poursuit-il.

“Fin 2024, à l’annonce de la fin du dispositif, 124 personnes étaient encore présentes sur le site. Depuis, ce sont près de 90 personnes qui ont pu quitter le camping avec une solution d’hébergement”, indique la préfecture. Restent 13 familles qui sont sans droits ni titre. Après un sursis liée à la trêve hivernale, prolongé jusqu’au 30 juin, elles sont désormais sommées de partir, mais n’ont pas trouvé de solution. “Certaines familles ont des personnes malades, d’autres télétravaillent pour des entreprises ukrainiennes et ne peuvent donc pas déclarer leurs revenus en France“, poursuit Mykola.

Des personnes de plus de 90 ans, dont un malade d’Alzheimer

C’est le cas de Nuria, originaire de Donetsk, ville aujourd’hui aux mains des russes, qui vit dans un bungalow avec son mari, son fils et son père de 90 ans, atteint de la maladie d’Alzheimer. “Il ne reconnaît plus personne, ne peut plus rien faire. L’autre jour, il a brûlé la bouilloire en allumant le gaz”, témoigne-t-elle. Son médecin a confirmé que son père perd en autonomie et a besoin d’une assistance quotidienne. Par ailleurs, le certificat médical indique que “tout changement d’environnement est déconseillé, car cela peut aggraver ses troubles de la mémoire et accentuer sa désorientation“, détaille Nuria. Deux autres personnes âgées de 90 et 95 ans, également malades sont concernées, ajoute-t-elle.

Dans un courrier adressé à la DRIHL (direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement), pour demander la suspension de l’expulsion, les familles estiment “qu’aucune proposition de logement social adaptée aux besoins spécifiques de chaque foyer n’a été faite à ce jour” et “qu’une expulsion forcée compromettrait leur stabilité, leur santé et leur intégration”.

Les familles demandent par ailleurs “la prise en compte du besoin d’un interprète accrédité à chaque rencontre” car les applications comme Google Traduction ou encore Deepl prêtent aux malentendus.

“Si l’on quitte ces logements, on est à la rue, et la seule proposition qu’ils nous font est d’appeler le 115, c’est pas normal”, regrette Olesia, qui vit dans un bungalow voisin.

De son côté, la préfecture rappelle que la “seconde étape de fin de prise en charge” a été enclenchée “suite de deux refus non justifiés de la part des personnes concernées.”

“Cette fin de prise en charge fait l’objet d’un suivi particulièrement attentif des services de l’unité départementale de la Drihl 94 et a été notifiée par courrier. L’ensemble des personnes intéressées a donc été dûment informé, et ce, très en amont, de cette décision. L’opérateur doit ainsi terminer son travail d’assistance au 30 juin avec une trentaine de personnes qui sont encore présentes. Parmi elles, une vingtaine de personnes ont été effectivement notifiées d’une fin de prise en charge suite à des refus d’orientation ou d’accompagnement. Une quinzaine sont encore en attente d’une validation d’orientation ou d’une nouvelle proposition”, détaille l’Etat.