Direction Kaboul. Dans un contexte migratoire tendu, l’Allemagne envisage d’ouvrir un canal de dialogue direct avec les autorités talibanes afin d’expulser plus facilement les délinquants afghans, a annoncé ce jeudi Alexander Dobrindt, ministre allemand de l’Intérieur. « Je souhaite que nous concluions des accords directement avec l’Afghanistan afin de permettre les rapatriements », a déclaré le ministre dans une interview au magazine Focus. Jusqu’à présent, « les contacts avec les talibans ne se font que par l’intermédiaire de pays tiers et cela ne peut pas rester une solution permanente », a-t-il ajouté.
Cette annonce intervient après la première expulsion, en août 2024, d’un groupe de 28 Afghans condamnés pour crimes, une opération menée via des négociations avec le Qatar, sans contact direct avec le gouvernement taliban, que Berlin ne reconnaît pas. Et un renvoi suffisamment rare pour être noté. Si le nombre des arrivées dans le pays a chuté de 12 % l’an dernier, passant d’environ 1,9 million à 1,7 million de personnes, le nombre de départs est resté quasiment inchangé, à 1,3 million.
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Vers une hausse des expulsions ?
Le chancelier Friedrich Merz a fait de la lutte contre l’immigration une priorité majeure de son gouvernement, allant jusqu’à ordonner des refoulements controversés de demandeurs d’asile à la frontière. La campagne des élections fédérales du 23 février a été marquée par plusieurs attaques meurtrières impliquant des étrangers, ce qui a contribué à la progression du parti d’extrême droite AfD, arrivé en deuxième position.
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Au-delà des ressortissants afghans, l’Allemagne envisage de revoir sa politique à l’égard des Syriens. Jusqu’ici, la Syrie était considérée comme un pays trop dangereux pour y renvoyer des migrants, faute de relations diplomatiques. Mais le chef du gouvernement allemand a récemment estimé que « des expulsions vers ce pays sont aujourd’hui possibles ». De l’autre côté de la frontière, son voisin autrichien a annoncé jeudi avoir procédé à l’expulsion d’un criminel syrien, un cas inédit au sein de l’Union européenne ces dernières années.