Dans un contexte politique tendu, la ministre Rachel Reeves est apparue en pleurs lors de la séance des questions au gouvernement, ce mercredi 2 juillet.
Mercredi 2 juillet, peu après midi, lors de la traditionnelle séance hebdomadaire des questions au premier ministre (Prime Minister’s Questions), la ministre des Finances Rachel Reeves est apparue en larmes. Celle qui est appelée Chancelière de l’Échiquier (Chancellor of the Exchequer) outre-Manche est responsable de la politique budgétaire, fiscale et économique du gouvernement britannique.
La détresse de Rachel Reeves semble avoir été causée par l’incapacité du premier ministre Keir Starmer à défendre explicitement sa ministre, alors que la cheffe de l’opposition conservatrice, Kemi Badenoch, lui demandait à plusieurs reprises s’il était en mesure de confirmer que la Chancelière resterait à son poste jusqu’aux prochaines élections générales (prévues au plus tard dans quatre ans) comme il l’avait affirmé en janvier dernier. Un porte-parole de Keir Starmer a assuré plus tard mercredi que la ministre «ne partira pas», et qu’elle avait son «plein soutien».
Fébrilité de Keir Starmer face aux frondeurs travaillistes
Cette séquence s’inscrit dans un contexte de doutes concernant la capacité du gouvernement Starmer à effectuer de véritables économies sans augmenter les impôts – conformément à une promesse de campagne des travaillistes excluant toute hausse de l’impôt sur le revenu, de la TVA ou des cotisations sociales des employés – afin d’assainir les finances publiques britanniques. Le déficit public du Royaume-Uni s’élève en effet à 147,8 milliards de livres sterling (environ 171 milliards d’euros) pour l’exercice budgétaire 2024-2025 selon l’Office for National Statistics, soit 5,1 % du PIB britannique, 0,3 % de plus qu’en 2023-2024.
Or, Rachel Reeves a déjà été contrainte de renoncer à 6,25 milliards de livres d’économies (environ 7,24 milliards d’euros) à la suite de la fronde de plus d’une centaine de députés travaillistes issus de son propre camp depuis fin juin. En particulier, Keir Starmer a décidé de vider de sa substance le projet de loi sur les prestations sociales (welfare bill) porté par sa ministre pour économiser 5 milliards de livres par an (environ 5,79 milliards d’euros), en guise de concession aux députés rebelles du Labour Party.
Le spectre d’une hausse d’impôts
Un an après la victoire triomphante du Parti travailliste aux élections générales le 4 juillet 2024 (avec 411 sièges sur 650 remportés), la situation politique et économique du Royaume-Uni se trouve donc largement assombrie : le premier ministre est ouvertement défié par un nombre grandissant de ses députés et la ministre des finances est désormais forcée de trouver des économies supplémentaires. Plus généralement, le gouvernement semble incapable de mener à bien les réformes nécessaires pour atteindre ses objectifs budgétaires malgré la majorité absolue écrasante (85 députés de plus que le seuil de la majorité absolue) dont il dispose à la Chambre des communes.
L’apparition en larmes de Rachel Reeves a d’ailleurs inquiété les marchés financiers. Selon plusieurs économistes, interrogés par le Financial Times , le trou budgétaire auquel Rachel Reeves fera face à l’automne lors de la présentation du prochain budget annuel, accentué par des perspectives de croissances revues à la baisse, rendra une hausse des impôts inévitable.