Pourquoi les installations électriques sont-elles sensibles aux fortes chaleurs?
En fait, c’est surtout le réseau souterrain qui est sensible aux fortes chaleurs. Même s’il a été construit pour résister aux fortes températures, en cas de canicule, on est dans une conjonction un peu particulière. Il fait très chaud la journée et la nuit les températures ne baissent pas. Ça tape dans le sous-sol, surtout dans les parties goudronnées. Le sous-sol emmagasine la chaleur.
Quand on cumule sur plusieurs jours ce genre de conditions, on peut atteindre jusqu’à 80°C. Le réseau se met alors en contrainte, et notamment les boîtes de jonction, et ça génère des incidents. C’est une sorte de « dôme de chaleur » en sous-sol, ou un peu comme un four qu’on laisserait allumé en continu.
Existe-t-il des zones considérées comme plus vulnérables aux fortes chaleurs dans les Alpes-Maritimes ou le Var?
En période de canicule, ce sont surtout les zones urbaines où il y a beaucoup de goudron qui sont plus vulnérables. Mais sinon, le réseau est construit de la même façon partout.
Le réseau Enedis des Alpes-Maritimes et du Var est maillé. Il est interconnecté. On peut le conduire à distance et établir des itinéraires bis, des itinéraires de secours sur tout le réseau en cas de problème.
Nous avons 15 bases qui couvrent les deux territoires et qui nous permettent d’être partout. Avec un taux de disponibilité de l’électricité de 99,99% à l’année.
Qu’en est-il des récentes coupures qui ont eu lieu à Antibes, ou encore hier plus généralement dans le Sud-Est?
Depuis, samedi dernier, nous comptabilisons en moyenne une dizaine d’incidents par jour sur les deux départements. Pour la majorité d’entre eux, nous les avons repris à distance en quelques minutes. Pour certains, nous devons intervenir physiquement. C’était le cas pour l’incident d’Antibes par exemple.
Dans ces cas-là, nous devons ouvrir la chaussée. Cela implique de creuser et de terrasser. Pour savoir exactement où se trouve le problème, on utilise un camion de recherche de défaut.
Un technicien d’Enedis en intervention sur le réseau souterrain. Photo Enedis.
200 millions d’euros investis par an, dont 30% dédiés au réchauffement climatique
Comment faites-vous pour protéger les personnes dépendantes de dispositifs électriques médicaux et qui sont à domicile?
Nous sommes en lien avec ces personnes (PHRV pour « Patients à haut risque vital », ndlr). Cela représente une grosse centaine de personnes dans les Alpes-Maritimes et le Var. Il s’agit d’un suivi particulier. Nous échangeons en amont avec eux pour savoir s’ils sont équipés d’un dispositif de secours, comme une batterie par exemple. Si un incident survient et qu’on arrive pas à contacter la personne, on fait tout de suite intervenir les pompiers.
Quelles actions sont mises en place pour prévenir les canicules?
Chaque année, nous investissons 200 millions d’euros dans les Alpes-Maritimes et le Var pour muscler le réseau. Et 30% de ces investissements sont dédiés à l’adaptation au réchauffement climatique.
Nous intervenons sur les câbles isolés en papier imprégné, dont une partie ont été posés dans les années 60, jusqu’aux années 80. Nous avons un programme de remplacement pour les passer en câbles synthétiques qui sont plus adaptées aux fortes chaleurs.
Nous changeons aussi les boîtes de jonction. Notre ambition est qu’en 2040, nous ayons supprimé 85% de nos câbles papier. Mais ça prend du temps. Si on mesure le réseau français, c’est comme si on faisait trois fois le tour de la Terre.
Aujourd’hui, sauf évènement très exceptionnel, nous maintenons ce qu’on appelle le « temps de coupure moyen » à un objectif qui est fixé autour de 60 minutes. Et on essaie de gratter quelques minutes chaque année.
Chaque année, Enedis investit 200 millions d’euros dans les Alpes-Maritimes et le Var pour « muscler » le réseau électrique. Photo Enedis.
Que peuvent faire les citoyens au quotidien?
Ce sont surtout les fournisseurs d’électricité qui peuvent apporter des conseils d’usage à leurs clients. Nous, notre rôle, c’est d’accompagner les clients et les élus dans la maîtrise de leur consommation. Nous avons par exemple le compteur Linky qui permet à chaque client de suivre sa consommation.
Et pour ce qui est du suivi des coupures, on peut entrer directement son adresse sur le site d’Enedis pour savoir si un incident est en cours et savoir quand le courant sera rétabli.
Outre les informations sur le site internet, en cas d’incident, toute personne peut appeler le centre de dépannage Enedis au 09.72.67.50 + le numéro du département.
Béatrice Pandelis, directrice régionale d’Enedis pour les Alpes-Maritimes et le Var. Photo Enedis.