Par
Cédric Nithard
Publié le
3 juil. 2025 à 18h11
À Montpellier, les Écologistes ont donc choisi de partir aux municipales en se positionnant contre Michaël Delafosse. À la tête d’une liste de douze noms dans la perspective des discussions avec les autres partenaires de gauche, Jean-Louis Roumégas peut compter sur le soutien de Nordine Maktoubi, une des voix des quartiers populaires.
L’écologie au centre des quartiers populaires
Que ce soit avant ou après l’assemblée générale des Écologistes lundi dernier, Nordine Maktoubi a fait preuve de discrétion. Membre du conseil fédéral national et représentant depuis 2020 de la motion Écologie, Sociale et Populaire (ESP), il est l’un des porte-paroles des personnes issues des quartiers populaires, « qui y vivent encore ou pas », avec, lui, la volonté de « mettre l’écologie au centre des débats dans ces quartiers car ce sont souvent eux les plus concernés par ces problématiques : les habitations sont des bouilloires thermiques, les capacités de tri sélectif sont ridicules voire inexistantes, la mauvaise alimentation due à la précarité qui conduit vers des aliments bas de gamme avec des risques d’obésité et de maladies… ».
Et s’il regrette que « pendant longtemps on a eu une écologie un peu élitiste où il fallait être végan, rouler en véhicule électrique… une écologie qui exclut tout un pan de la société » , son combat consiste à « associer cette crainte de fin de mois à cette crainte de fin du monde. Il n’y a pas de justice climatique sans justice sociale et inversement ». Des questions dont il observe à travers les différentes actions qu’il mène qui « intéressent beaucoup plus de personnes que ce que l’on pourrait croire » et de pointer également leur intérêt pour la sécurité, « trop longtemps laissée comme étendard de la droite », en prévenant : « Tous les sujets sont importants et l’écologie peut tous les rejoindre. L’idée est que chaque projet passe par le tamis de l’écologie et du social ».
Derrière Jean-Louis Roumégas
Une discrétion voulue dans un moment déjà confus au sein des écologistes montpelliérains dont il ressort soulagé. « L’AG a permis d’assainir la situation au sein des Verts pour travailler sereinement et apporter une voix différente à gauche de ce qui peut exister actuellement » estime Nordine Maktoubi. Le rejet de la motion portée par les élus de la majorité municipale, excluant de fait toute alliance avec Michaël Delafosse, va permettre selon lui « d’oeuvrer à un nouveau projet pour Montpellier ». S’il dit se retrouver sur « une majorité d’éléments » avec Jean-Louis Roumégas et Julia Mignacca, Nordine Maktoubi se positionne sans réserve derrière le député mais se montre dubitatif, sans fermer aucune porte, quant à se ranger derrière LFI dont il estime qu’une partie de l’électorat de gauche y est trop hostile pour pouvoir l’emporter, sans oublier certains sujets, comme le CSR porté par René Revol pour la Métropole, dont il attend des clarifications.
Vidéos : en ce moment sur Actu
Heureux d’avoir l’attention et la confiance de Jean-Louis Roumégas, le soutien de Nordine Maktoubi ne sera pas de trop. Avec toutefois un enjeu auquel n’échappe pas les Écologistes : « Il faut réconcilier les quartiers avec les partis politiques qui les ont souvent « cocufiés » ». Alors justement, comment être sûr de ne pas servir une nouvelle fois de caution ? « Il faut mettre des personnes qui émanent de ces quartiers au centre du jeu et pas qu’ils soient seulement là en tant que colleurs d’affiche ou distributeurs de tract. Il faut avoir une liste cosmopolite car on peut tous s’apporter les uns les autres » prône-t-il.
« Nous ne voulons pas jouer la carte du second tour »
Et justement, son courant Écologie, Sociale et Populaire compte trois noms sur douze dans la liste des écologistes. Un véritable gage le mettant au même niveau que celui de Julia Mignacca tandis que la motion adverse en a obtenu quatre. Les deux derniers noms étant ceux de Jean-Louis Roumégas et Coralie Mantion. « Pour nous c’est représentatif. On nous a considérés dans le projet et cela montre qu’on y a toute notre place » salue Nordine Maktoubi. Un projet sur lequel il se montre très clair : « On y croit sérieusement. Nous ne voulons pas jouer la carte du second tour, l’idée est de proposer un projet pour les Montpelliérains et faire en sorte qu’une majorité de la gauche puisse se ranger derrière la liste des Écologistes conduite par Jean-Louis Roumégas ».
Cela tombe bien car le temps des discussions s’ouvre avec les autres partenaires de gauche, en visant les partis satellites (APRES, Parti de Gauche, Génération.s, Place Publique…) ou les associations militantes. Des discussions dont Nordine Maktoubi attend que « l’on mette le projet au centre du sujet », non sans prévenir : « Je ne ferai pas cette idéologie de ne pas mettre les personnes au centre du sujet car la politique c’est aussi une question de personnes. Il faut des projets mais il faut aussi des personnes pour les porter jusqu’au bout. Nous devons identifier les personnes pour créer une liste où la population montpelliéraine s’y retrouve à tous les niveaux et que ce soit un projet fait par les Montpelliérains pour les Montpelliérains de toutes classes sociales. Nous ne pouvons plus continuer d’isoler le centre des quartiers et les quartiers du centre. Chacun doit prendre part à la société ». Presque une métaphore de la gauche…
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.