« Je suis un astrophotographe, autrement dit je suis à 70 % photographe et à 30 % astronome », se décrit Laurent Laveder. Le Pluguffanais s’est fait une spécialité, depuis 2008, de saisir des paysages nocturnes insaisissables. Sur ces clichés de paysages nocturnes du Finistère Sud, apparaissent voies lactées, plancton phosphorescent et lumières quasi divines, imperceptibles à l’œil nu. Ce passionné d’image de 53 ans publie quelque 112 de ses plus belles photos nocturnes dans un livre intitulé « Balade étoilée en Finistère Sud ».
Le ciel magenta à droite de l’île Tristan révèle la présence d’aurores boréales particulièrement intenses sur cette photo prise dans la nuit du 22 au 23 avril 2023. À gauche de l’île, ce sont les lumières de couleur orange de la ville de Brest qui sont bien visibles. (Laurent Laveder)« Des lumières incroyables apparaissent »
« Au départ, j’ai une formation d’astronome. J’ai toujours eu une attirance pour le ciel. Mais, avec un télescope, on ne voit pas grand-chose, alors que dès que l’on prend une photo, des lumières incroyables apparaissent », explique l’homme originaire d’Antibes, arrivé en Bretagne en 1997. Quimper, Pont-Aven, Portsall, Logonna-Daoulas, Loctudy, Pont-Croix, Névez, Fouesnant, Sainte-Marine, Audierne, Pluguffan, etc. sont sublimées par le prisme du travail photographique de Laurent Laveder.
À Pont-Aven, cette photographie prise par Laurent Laveder révèle la voie lactée visible dans le ciel de nuit. (Laurent Laveder)
« Il n’y a pas de trucage photo. Je ne rajoute pas de couleur. Au moment de la prise de vue, j’utilise un matériel assez classique mais je choisis un objectif très sensible avec une ouverture de 1,4 qui permet de figer le mouvement. Ensuite, sur ordinateur je joue sur la lumière et les contrastes ». Le photographe a d’ailleurs pensé à ceux qui voudraient, comme lui, capter ces images renversantes, en intégrant dans son livre quatre pages de tutoriel où sont indiqués les réglages et paramètres qu’il utilise. « J’aime le partage. Quand les gens viennent dans ma boutique (La tête de l’art, 13, rue Élie-Fréron), je leur explique comment je fais ».
Des fois, je me lève à 4 h, je fais ma photo à 5 h et je retourne me coucher.
Après minuit, la place du village de Locronan est déserte. Éclairés par un quartier de lune, les bâtiments sont bien lumineux tandis que la voie lactée est éclatante. (Laurent Laveder)
Du plancton phosphorescent (bioluminescence) dans la baie de Pors Carn, à Plomeur est visible au premier plan. Cette photo prise à partir des rochers au sud de la Pointe de la Torche, laisse apparaître la lumière orange du Guilvinec, la lumière d’une voiture au-dessus du plancton, le puissant phare d’Eckmühl et la paillote Chez Marie-Cath, juste à gauche de la lueur blanche du port de Saint-Guénolé. (Laurent Laveder)« L’an dernier, j’ai fait 41 sorties »
Pour décrocher LA photo, le Pluguffanais ne compte pas les kilomètres ni même ses heures de sommeil. « Des fois, je me lève à 4 h, je fais ma photo à 5 h et je retourne me coucher », rigole-t-il. Avant de chasser les images sur le terrain, c’est sur Google Maps que Laurent Laveder identifie les paysages qu’il veut photographier. « Pour faire la bonne photo, je dispose souvent de seulement quatre à six jours dans l’année. C’est là que les conditions de lumière sont optimales ».
Les aurores boréales captées dans la nuit du 10 octobre 2024, au-dessus de Quimper, à partir du Mont Frugy. (Laurent Laveder)
« Un photographe qui travaille sans lumière, c’est comme un cuisinier qui travaille des aliments sans goût », pointe le quinquagénaire, friand de métaphores culinaires. Cette lumière tant recherchée, c’est en ce moment, entre mars et juillet qu’elle est la plus présente. « L’an dernier, j’ai fait 41 sorties. C’est beaucoup, mais j’avais la dalle et il y avait de nombreuses photos que je m’étais fixé de faire ». Avec ce livre, Laurent Laveder veut tout simplement montrer son travail et le faire découvrir comme un bon plat, une bonne recette à partager.
Pratique
« Balade étoilée en Finistère Sud », livre autoédité bilingue français/anglais de 128 pages au format A4, au prix de 34 €. Disponible dans sa boutique La tête de l’art, 13, rue Élie-Fréron, à Quimper, et bientôt en librairie.