Il est 16 h pétantes, ce samedi 12 avril. Les yeux rivés sur son texte, d’une voix forte et assurée, le directeur artistique de la compagnie Facteurs communs, Fred Cacheux, donne le coup d’envoi d’un marathon de la lecture, organisé pour célébrer l’épilogue de “Lire notre monde”, dans le cadre de Strasbourg capitale mondiale du livre. Comme lui, jusqu’à ce dimanche à 16 h, plus de 400 personnes de 20 à 80 ans vont se succéder en non-stop au pupitre installé dans la nef du Musée d’Art moderne et contemporain… Objectif : lire dans son intégralité L’Art de la joie , signé Goliarda Sapienza. Une réelle épreuve sportive : dans ce marathon, ce ne sont pas les jambes qui sont sollicitées, mais plutôt la matière grise – autant pour les lecteurs, qui se relayent avec fluidité, que pour les courageux auditeurs, amenés, s’ils le souhaitent, à rester la nuit durant au musée.
Une chaîne humaine pour défendre la lecture
« Le but est de créer une sorte de chaîne humaine avec des personnes de tous les milieux, de créer des rencontres, mais aussi de faire entendre cette œuvre », décrit Marlène Bianchi, coordinatrice de l’événement pour la compagnie Facteurs communs. Ce roman, écrit entre 1967 et 1976, tourne autour du personnage de Modesta et raconte « l’évolution d’une enfant à une femme, féministe et révolutionnaire », résume Marlène Bianchi. Une œuvre et surtout une action hors normes à laquelle Delphine Krupa, 49 ans, a été immédiatement réceptive. Deuxième lectrice à prendre la parole, la professeure de français voit en cet évènement une façon de « participer à quelque chose de simple et d’évident, mais qui ne l’est plus vraiment en ce moment ». Et l’occasion de prendre le temps – beaucoup de temps – pour se nourrir des mots.