Le plus drôle, c’est que lorsqu’il a débarqué à San Francisco, après avoir vendu son van et ses surfs il y a un an, pour assister au Festival international du film océanique où il avait été sélectionné, Clément Pourtal ne savait pas qu’il avait gagné. « J’avais inscrit le documentaire après la date limite et je suis arrivé là-bas sans illusion, sourit le Marseillais. On était fiers de notre film avec Jérôme Brousse, mais avec un budget de 60 000 euros, on n’imaginait pas concurrencer les grosses machines à plus de deux millions d’euros ». « The Blue Quest Palawan » a pourtant subjugué le jury de la grand-messe mondiale du film marin.

Raflant le Conservation award, ce format de 35 minutes désormais disponible sur YouTube est devenu un objet iconique dans les festivals, accumulant trente sélections et dix prix sur la planète bleue. « C’était inespéré pour nous d’être en lice dans ce festival mythique. Alors le gagner… » Depuis, les sollicitations se sont multipliées et le film a servi de support, lors du récent sommet mondial sur l’océan, à Nice. « YouTube permet de faire de la sensibilisation et on ne tient pas à se le faire racheter par une plateforme type Netflix qui va l’adapter à sa sauce. Et cela permet de faire tourner les images dans les festivals, d’en faire un support éducatif dans les écoles, les entreprises. »

Une rencontre avec un Marseillais des Philippines

La belle histoire, évidemment, part d’une rencontre. À Lisbonne en 2022, pour l’édition précédente du sommet sur l’océan, Clément Pourtal tombe sur un autre Marseillais, Frédéric Tardieu. Lui est un cas. Un pôle magnétique pour tous ceux qui rêvent de posséder une île et d’en faire un sanctuaire pour tous. « Je me suis posé la grande question à 55 ans, indique-t-il. Comment faire pour assurer notre sécurité alimentaire et préserver notre environnement, sommes-nous capables de reconstruire ce qu’on a dévasté ? »

Dans la baie de Palawan, un archipel au sud des Philippines, Fred Tardieu a redonné vie à l’île et aux fonds marins, créant des aires marines protégées avec les pêcheurs des villages alentour. Son expérience, quinze ans après les débuts, est une plongée inspirante. Elle montre que les solutions de préservation existent. Clément Pourtal a pris le temps de la filmer, avant de donner quelques coups de palmes vers les récifs de Tubbataha ou un parc naturel où vit le rare dugong, seul mammifère marin herbivore. Ambassadeur du Marine conservation institute qui cartographie les aires marines sur la planète, Clément Pourtal qui avait déjà été primé pour un film tourné dans les eaux de Basse-Californie, travaille également avec la fondation marseillaise Pure Ocean. La Polynésie l’attire. Ses belles images et l’envers du décor.