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Jean-Luc Mélenchon moque les participants à une éventuelle primaire de la gauche.
POLITIQUE – Jean-Luc Mélenchon n’a jamais aimé les primaires. Il n’aime pas non plus être mis au pied du mur. En 2017 comme en 2022, il avait refusé de se joindre aux appels à l’union de la gauche pour l’élection présidentielle, préférant cultiver son propre espace.
Pas surprenant, donc, de le voir sécher le rendez-vous organisé par Lucie Castets mercredi 2 juillet. Si les participants, parmi lesquels Marine Tondelier et Olivier Faure, ont acté la mise en place d’un processus unitaire censé désigner un candidat commun pour 2027, Jean-Luc Mélenchon regarde ailleurs.
« C’est un coup de com, tacle-t-il dans une note de blog publiée ce jeudi 3 juillet. Et une opportunité pour exister dans la cour des grands pour diverses personnes très égotiques. Le huis clos entre eux va être passionnant. » Un message tout en ironie alors que, comme lui, Raphaël Glucksmann boude cette tentative de rassemblement. Une primaire de la gauche amputée de ses deux plus gros poissons est-elle condamnée à se partager les miettes sur un segment politique plus que réduit ?
« Le programme de cette équipe, s’il y en a un et si la primaire a lieu, sera une copie diminuée de l’Avenir en commun [le programme de La France insoumise]. Comme à chaque fois », tranche Jean-Luc Mélenchon, qui ne retient pas ses coups contre les têtes d’affiche de cette initiative : « La liste des pré-candidats à cette primaire fait autant envie que la guerre des “TO” [textes d’orientation] au congrès du PS ». Et de dresser la liste des candidats déclarés : « Rousseau, Piolle, Faure, Guedj, Autain, Ruffin et Ségolène Royal (la seule qui sache de quoi il s’agit). »
« Une primaire de la gôche »
Fort de ses 21,95 % obtenus à la dernière présidentielle, l’ancien député de Marseille rebaptiste cette initiative de « primaire de la “gôche” ». Il est même convaincu que s’il y a été invité, sa présence n’était souhaitée par personne. « Les unionistes, unitaires et autres émouvants clubs mondains de la gôche nous convoquaient en espérant notre absence », estime-t-il. : « Cela n’intéresse personne. Ni les millions d’électeurs insoumis pris pour des nigauds par cette gôche, ni ceux qui adhèrent à la ligne Glucksmann […]. Tout le monde semble se moquer de cet épisode ». Fermez le ban.
De toute façon, selon lui, le problème est ailleurs. Quand bien même La France insoumise déciderait-elle de participer à la primaire, les autres partis de gauche, PS compris, accepteraient-ils de faire campagne pour le gagnant s’il est insoumis ? « Quelqu’un peut-il croire que Yannick Jadot, Nicolas Mayer-Rossignol, Carole Delga, Jérôme Guedj et toute la droite du PS et des Verts se rangeraient derrière la candidature LFI ? Bien sûr que non », lance Mélenchon.
« Personne ne connaissait Lucie Castets »
Sur son blog, il ne ménage pas non plus Lucie Castets, ex-candidate du NFP pour Matignon. Quitte à réécrire (un peu) l’histoire. Le leader insoumis explique que l’été dernier, après la victoire de la gauche aux élections législatives, « la proposition de Lucie Castets fut arrachée en dernière minute ». « Personne ne la connaissait ni ne l’avait rencontrée avant cela dans le groupe qui devait décider », poursuit-il, après l’avoir pourtant qualifiée de « quasi-insoumise » aux Amfis d’août 2024.
« Lucie Castets restera notre candidate Premier ministre jusqu’à la fin de cette législature, si elle en est d’accord », assurait-il à la même période. Un vœu pieu puisque Mathilde Panot a expliqué que l’hypothèse Lucie Castets à Matignon n’était plus à l’ordre du jour.
Malgré les sérieux doutes exprimés par Jean-Luc Mélenchon, les « unitaires » ont annoncé un calendrier jusqu’en 2027. En septembre, ils lanceront six conventions thématiques qui déboucheront sur la création, en avril 2026, d’une plateforme programmatique construite à partir du projet du NFP. Une éventuelle primaire interviendrait, elle, entre les mois de mai et d’octobre 2026. Laissant tout le temps à un candidat insoumis de tracer sa route.