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Fabien Binacchi

Publié le

4 juil. 2025 à 6h30

Christian Estrosi ne veut pas de méga navire de croisière sur le littoral azuréen. Il l’a dit, il l’a répété. Et il va même désormais le hurler en personne aux capitaines des paquebots qui oseraient braver son interdiction.

C’est ce qui est arrivé ce jeudi 3 juillet 2025 dans la rade de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes), à quelques encablures de Nice, où le Voyager of the Seas avait choisi de débarquer ses passagers. « Cassez-vous », a-t-il notamment vociféré.

Un paquebot de 3000 passagers, plus que la limite autorisée

Embarqué dans un semi-rigide de la police maritime, sur lequel il avait convié une équipe de France 3, le maire (Horizons) de Nice, président de la Métropole Nice Côte d’Azur, ne se démonte pas en allant à l’abordage de ce mastodonte des mers.

Cet immeuble flottant de la compagnie américano-norvégienne Royal Caribbean International et qui bat pavillon bahaméen peut embarquer jusqu’à 3000 passagers. Tout ce que Christian Estrosi ne veut plus voir. L’édile a décidé d’interdire des paquebots de plus de 2500 passagers, avec un plafond de 65 escales par an. Une version très allégée d’un premier arrêté qu’il avait été contraint de corriger après le tollé provoqué.

Il avait expliqué avoir voulu finalement « concilier les enjeux de santé publique, de protection de l’environnement et de soutien à l’économie locale ». Un effort.

Vidéos : en ce moment sur Actu« Vous n’êtes personne »

Alors la présence du Voyager of the Seas ce jeudi 3 juillet l’a fait se déplacer en personne. Et sur l’eau. La séquence, immortalisée par la caméra de France 3 Côte d’Azur, le montre aller au contact, devant des croisiéristes médusés. « Vous n’êtes pas autorisés à être là », répète-t-il, l’index tendu, à l’adresse de responsables du paquebot.

« Vous serez condamné très sévèrement pour cela. Vous n’êtes personne », continue-t-il, dans un anglais affirmé. « Cassez-vous », lâche-t-il même, en français cette fois, à l’adresse d’une autre navette de transferts de passagers. « Elle s’approchait et tentait de nous bloquer », glisse l’entourage du maire à actu Nice.

La vidéo, le député UDR Éric Ciotti, plus que probable candidat aux prochaines municipales dans la capitale azuréenne, s’est fait un plaisir de la partager. « Barbe rouge ! À l’abordage avant d’être coulé ! », a-t-il tweeté avec un émoji de clown.

« Il a refusé de me recevoir à bord »

Au final, d’abordage il n’a pas été question. C’est pourtant ce qu’avait prévu le patron de la Métropole. L’élu comptait remettre un courrier de mise en demeure au capitaine.

« Il a non seulement refusé de me recevoir à bord, mais également de prendre en compte ma notification officielle », s’agace Christian Estrosi, dans un post publié sur X.

Pour Karim Yckrelef, commandant de la police des ports métropolitains cité par France 3, la réaction du seul maître à bord n’est pas étonnante. « Un navire, c’est comme un territoire, il est donc dans les usages de s’appeler en amont », a-t-il expliqué.

Une « démarche spectaculaire profondément regrettable »

La sortie en mer de Christian Estrosi n’a d’ailleurs pas du tout été du goût non plus de l’Union maritime 06, vent debout contre les arrêtés du maire de Nice et plus récemment de celui de Cannes destinés à éloigner les croisières. Elle « condamne fermement la tentative du président de la Métropole Nice Côte d’Azur […] de monter à bord du Voyager of the Seas […] sans autorisation préalable », selon un communiqué transmis à actu Nice.

L’association, qui assure « fédérer tous les professionnels du maritime », rappelle par ailleurs que :

Le navire, en escale depuis 6h30 au point de mouillage sud de la rade de Villefranche-sur-Mer, est présent conformément à l’autorisation émise par la Préfecture Maritime. Cette escale avait été validée en amont par la Métropole de Nice elle-même, et n’a fait l’objet d’aucune dénonciation depuis.

L’Union maritime 06

Elle déplore une « confrontation médiatique » qui « a mis en danger la sécurité des passagers, de l’équipage ainsi que la bonne exécution des opérations portuaires ». « Ce type de démarche spectaculaire est profondément regrettable », tance-t-elle aussi.

« Je ne lâcherai rien »

Le maire de Nice, lui, n’en démord pas. Sur X, il annonçait ce jeudi 3 juillet, dans l’après-midi, avoir « saisi le préfet des Alpes-Maritimes, le préfet maritime de la Méditerranée ainsi que la ministre de la Transition écologique, en leur demandant de prendre, dans les plus brefs délais, toutes les dispositions nécessaires ».

Au lendemain du sommet sur l’océan, je ne lâcherai rien. Je demande à toutes les autorités concernées la plus grande fermeté sur ce sujet. J’entends faire respecter strictement les décisions prises en matière de lutte contre la pollution maritime, de préservation de la qualité de l’air et de protection du cadre de vie des habitants.

Christian Estrosi

Selon le site de suivi en temps réel MarineTraffic, le paquebot a de toute façon largué les amarres selon l’horaire prévu, à 18h, pour rejoindre Ajaccio (Corse), où la compagnie internationale espère sans doute trouver un accueil plus chaleureux.

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