Publié le 04/07/2025 – 10:49 UTC+2•Mis à jour
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Des affirmations trompeuses selon lesquelles l’Union européenne aurait décidé d’interdire aux compagnies aériennes de faire payer les passagers pour emporter leur bagage à main ont fait les gros titres dans le monde entier, déclenchant une désinformation généralisée sur les réseaux sociaux.

Euroverify a identifié plusieurs médias réputés qui ont fait ces affirmations, lesquelles ont ensuite été amplifiées en plusieurs langues sur Facebook, Instagram, TikTok et X.

Les 27 pays de l’Union européenne n’ont toutefois pas interdit les frais de bagages à main. C’est une option sur la table, mais il y a beaucoup d’obstacles avant que la proposition ne devienne une loi.

Une règle proposée par le Parlement, mais pas encore confirmée

Le 24 juin, la commission des transports du Parlement européen a voté en faveur d’une proposition visant à permettre aux passagers aériens de voyager avec deux bagages à main sans frais supplémentaires.

Si cette proposition est approuvée, elle obligera les compagnies aériennes à permettre aux passagers de voyager gratuitement avec un article personnel – tel qu’un sac à main – ainsi qu’avec un bagage à main plus grand, pesant jusqu’à 7 kg et mesurant jusqu’à 100 cm en largeur, longueur et hauteur combinées.

La dimension de 100 cm est légèrement inférieure aux dimensions maximales actuelles des bagages de cabine autorisées par la plupart des compagnies aériennes.

Cette proposition s’inscrit dans le cadre d’une révision d’un projet de loi européen de 2004 sur les droits des passagers, qui est au point mort depuis des années. La Pologne, qui a présidé le Conseil de l’UE pendant les six premiers mois de l’année, s’était fixé comme priorité de faire avancer la réforme. Il est également question de modifier les règles de l’UE relatives à l’indemnisation obligatoire en cas de retard d’un vol.

Mais le vote du 24 juillet ne change rien. Il signifie simplement que la commission des transports du Parlement européen souhaite la suppression des taxes sur les bagages de cabine. Si la plénière du Parlement européen l’approuve, le Parlement fera pression pour obtenir ce changement lors des négociations avec la Commission européenne et le Conseil de l’UE, qui représente les gouvernements de l’UE.

Ce n’est que lorsque ces négociations – appelées négociations interinstitutionnelles – auront abouti à un compromis que les changements pourront entrer en vigueur. Le texte de compromis doit ensuite être soumis au vote du Parlement européen et du Conseil avant de devenir une loi.

Les gouvernements de l’UE s’opposent pour la plupart au changement

L’interdiction des taxes sur les bagages de cabine risque d’être un point de discorde entre le Parlement et les gouvernements de l’UE représentés par le Conseil.

Dans une position commune de négociation adoptée début juin, les ministres des transports de l’UE ne demandent pas l’interdiction, bien qu’une poignée de pays, notamment l’Espagne, la soutiennent.

Ils estiment au contraire que les passagers devraient être autorisés à emporter gratuitement des objets personnels « essentiels pour la durée du voyage », tels que des documents de voyage, des médicaments, des appareils personnels, des livres et « de la nourriture et des boissons adaptées à la durée du vol ».

L’année dernière, l’Espagne a infligé des amendes d’un montant de 179 millions d’euros aux compagnies aériennes à bas prix Ryanair, Vueling, easyJet, Norwegian et Volotea pour des « pratiques abusives », notamment des frais supplémentaires pour les bagages à main, les obligeant à mettre fin à ces pratiques.

Ryanair et Norwegian Air ont fait appel et un tribunal espagnol a temporairement suspendu les amendes jeudi dernier, le temps que la procédure judiciaire aboutisse.

Les compagnies aériennes affirment que cette mesure limiterait le choix des consommateurs

La position des ministres des transports de l’UE reflète celle des compagnies aériennes et de leurs puissants groupes de pression. Le groupe de pression Airlines for Europe (A4E) est allé jusqu’à « condamner » la position du Parlement, affirmant qu’elle « supprimerait le choix du consommateur et imposerait un sac de cabine trolley à tous les passagers ».

Citant une association de compagnies aériennes espagnoles, A4E affirme que plus de 50 millions de passagers, rien qu’en Espagne, n’ont pas eu besoin d’un bagage de cabine supplémentaire l’année dernière et ont eu « le choix de ne pas l’inclure dans le prix de leur billet d’avion ». On craint également que les transporteurs à bas prix n’augmentent le prix des billets pour compenser le manque à gagner lié aux frais supplémentaires.

Les résultats financiers de Ryanair pour l’année allant jusqu’à mars 2025 révèlent que les recettes accessoires – c’est-à-dire les frais pour les suppléments, y compris les bagages à main – représentaient un tiers de leurs recettes totales (4,7 milliards d’euros sur un total de 13,95 milliards d’euros).