Accablé par la chaleur, traînant sa peine et son chariot à provisions, Jacques, 75 ans, a la mine des mauvais jours. Il vient de découvrir les panneaux jaunes « déviation » qui ont fleuri au pied de la passerelle de La Rode en début de semaine. « Et comment je fais moi, pour aller faire mes courses à Mayol? L’ascenseur est inutilisable et avec mon caddie, je ne peux pas monter les marches! »

Pour cet habitant de La Rode, comme pour les milliers de personnes empruntant quotidiennement l’ouvrage piétons qui enjambe l’avenue Franklin-Roosevelt, il va pourtant falloir prendre son mal en patience. Et s’habituer à un itinéraire différent pour rejoindre le grand centre commercial. La passerelle construite à la fin des années 80 est en effet fermée jusqu’à nouvel ordre.

Consolidation ou tout nouvel ouvrage?

« Elle a été heurtée lundi soir par un semi-remorque qui transportait un engin de terrassement », soupire Frédéric Giraud, directeur de l’antenne toulonnaise de la métropole. « Nous avons mandaté un expert structure qui doit dresser un constat de l’impact et de ses répercussions sur la tenue de l’ouvrage. En attendant ses conclusions, zéro prise de risque: un arrêté interdit l’accès à la passerelle. »

Peint en jaune, un passage protégé provisoire a été matérialisé sur l’avenue Franklin-Roosevelt, qui débouche sur de grands escaliers. Une signalétique a aussi été installée. Mais les personnes à mobilité réduite doivent, elles, passer désormais par le parking de Mayol ou le parvis de la faculté pour gagner la galerie marchande et le centre-ville. Reste à savoir pendant combien de temps.

« C’est difficile à dire », poursuit Frédéric Giraud. « Mais l’impact du poids lourd sur le tablier du pont, composé de deux grandes poutres en acier, a été relativement important. On va lancer des études pour identifier la meilleure solution technique en fonction des dommages: soit on renforce la structure existante, soit on refait une passerelle, avec tout ce que ça sous-entendrait en termes de délais… »

Mais encore? « On a lancé une procédure d’urgence pour faciliter les démarches administratives. Mais, dans tous les cas, ce passage risque d’être fermé pendant plusieurs mois », lâche le directeur de l’antenne métropolitaine. Lequel soupire: « Sans compter que tout ça va également avoir un coût significatif… »

La passerelle de La Rode, qui limite la circulation sous son tablier aux véhicules dont la hauteur est inférieure à 4,3mètres, n’en est pas à sa première péripétie du genre. Il y a sept ans déjà, un engin l’avait heurté. Sans gros dommage cette fois-là. Avec cet incident, la collectivité devra peut-être ressortir des tiroirs un vieux projet: en 2003, la municipalité dirigée par Hubert Falco avait annoncé sa volonté de mettre en place un nouvel ouvrage, plus esthétique. Trop cher, il n’avait pas vu le jour,