TDAH et réseaux sociaux –
Avons-nous tous un trouble de l’attention?
Le TDAH est parfois banalisé sur TikTok, avec le risque de favoriser des autodiagnostics erronés. Une association s’inquiète.
Publié: 03.07.2025, 16h21
Les réseaux sociaux peuvent contribuer à banaliser le trouble de l’attention.
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- Les réseaux sociaux parlent de plus en plus du trouble de l’attention, mais évoquent parfois de mauvais symptômes.
- Seul un professionnel de santé peut établir un diagnostic du trouble.
- Sa banalisation peut nuire à la compréhension des véritables difficultés des patients.
Il est parfois décrit, à tort, comme un effet de mode: le trouble de l’attention. On estime qu’il concerne en Suisse entre 5 et 7% des enfants et qu’il perdure dans près de 60% des cas à l’âge adulte. Lorsque le diagnostic du TDAH tombe, c’est souvent un soulagement pour la personne concernée et son entourage.
Sur les réseaux sociaux, les vidéos où des internautes racontent leurs «symptômes» du TDAH fleurissent. Ces contenus, qui décrivent par exemple des difficultés à se concentrer, une agitation constante ou des comportements impulsifs, séduisent: beaucoup s’y reconnaissent. Peut-être parce que ces petites choses du quotidien, comme oublier ses clés ou ne pas réussir à terminer une démarche administrative, trouvent enfin une explication.
Diagnostic médical inévitable
Le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) répond toutefois à des critères bien précis, qui figurent dans le manuel diagnostic des troubles mentaux, le «DSM-5». Concrètement, seul un médecin peut attester de la présence de ce trouble qui peut bouleverser le quotidien.
La tendance à exposer des (pseudo-)symptômes du TDAH sur les réseaux a-t-elle un revers? Daniela Brustolin, à la tête de l’association Aspedah, vient en aide aux personnes concernées par un trouble de l’attention. Elle remarque l’influence concrète de la diffusion de ce type de vidéos sur les réseaux.
«On reçoit des mails de gens qui s’autodiagnostiquent et sont convaincus d’avoir un TDAH, explique-t-elle. Or, parfois ils reviennent nous consulter des mois plus tard, après une rencontre avec un spécialiste et disent qu’ils ont eu un autre diagnostic, par exemple une dépression.»
Un phénomène «totalement nouveau»
La professionnelle n’avait jamais vu ce genre de comportement par le passé: «C’est totalement nouveau et c’est là qu’on remarque toute l’influence des réseaux.» Pour elle, il faut sensibiliser la population à faire attention «aux raccourcis».
«Le TDAH est un réel trouble, qui impacte toutes les sphères de vie de manière durable, seul un médecin peut vous diagnostiquer, assène Daniela Brustolin. Aujourd’hui, on a tendance à avoir une hygiène de vie qui peut causer certains symptômes, comme être beaucoup sur les écrans, peu dormir et ne pas réussir à se concentrer. Mais on ne peut pas tirer de conclusion tout seul, à partir d’un ou deux signes du genre.»
Parler du TDAH, mais ne pas banaliser
Si le TDAH sert d’explication rassurante pour faire sens de certaines difficultés, il est en réalité bien plus complexe que les symptômes popularisés sur les réseaux. En outre, plus de la moitié des vidéos TikTok consacrées au TDAH ne respecteraient pas les critères médicaux et diffuseraient des informations erronées, rapporte le média allemand «Der Spiegel».
«Le TDAH, ce n’est pas une mode, ça a un véritable impact sur le quotidien, conclut Daniela Brustolin. C’est positif qu’on en parle autant, mais on va parfois trop vite, on fait des raccourcis, et certaines personnes finissent par s’identifier à tort. À force, ça banalise la réalité du trouble et ça ne rend pas service aux concernés.»
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