Un chiffre qui donne le vertige : 1.610 mètres de dénivelé positif avec « une montée en continu ». C’est le profil du semi-marathon du mont Ventoux. Le Géant de Provence est déjà gravé dans la légende du Tour de France pour son arrivée minérale et lunaire à 1.910 mètres, les victoires de Poulidor, Merckx, Pantani, Virenque ou Froome à son sommet. Et il est en train de se tailler une place dans les courses sur route hors normes. Au point de s’autoproclamer « semi-marathon le plus difficile d’Europe ». Mais est-ce vraiment le plus dur ?
« Le label « semi-marathon le plus difficile d’Europe » n’existe pas », reconnaît Bertrand Delhomme, organisateur de l’événement depuis 2022 à la suite de son oncle et de la mise en pause pendant deux ans de la course à cause du Covid. « Je me suis amusé à regarder tous les semis d’Europe, reprend-il. J’ai vu une course en Norvège avec un profil similaire mais 100 m de dénivelé en moins et des portions de plat et de descente. Une autre en Espagne, mais qui n’était pas que sur route. Il y a aussi le col du Portet [Hautes-Pyrénées] qui s’est lancé mais avec un peu moins de dénivelé [1.400 m D +]. » Ce dénivelé « qu’on ne retrouve pas ailleurs », dixit l’organisateur, lui donne un « gros coup de com » et la possibilité de revendiquer cette difficulté pas vue ailleurs sur le continent.
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Ce dimanche, seuls 1.600 coureurs et coureuses s’aligneront pour défier le mont chauve alors que 6.000 autres étaient sur liste d’attente. « On a en tête de se rapprocher des 2.000 participants, une jauge gérable pour notre organisation 100 % bénévole, avance Bertrand Delhomme, qui rappelle qu’en 2022, la course ne comptait que 500 dossards. On veut conserver une bonne expérience coureur également. »
« On vient pour la différence et la difficulté »
Anaïs Quemener est redescendue ravie des éditions 2023 et 2024 et nantie de deux succès. Egalement double championne de France de marathon (2016, 2022), l’athlète de 34 ans valide le qualificatif de « semi le plus difficile d’Europe » pour le Ventoux. « Complètement ! Je n’ai jamais fait une course avec cette particularité de monter du début à la fin. On vient pour ça, pour rechercher la différence et la difficulté. » Mais aussi pour la beauté des paysages et notamment « les derniers kilomètres sous le cagnard, qui ajoute une difficulté supplémentaire, et l’arrivée en haut du Ventoux comme sur le Tour de France avec les encouragements ». On jurerait qu’un frisson électrise ses jambes.
Anaïs Quemener domptant les 1.610 m de dénivelé positif du semi-marathon du mont Ventoux. L’athlète a remporté deux fois la course en 2023 et 2024. - Damien Rosso / DROZ PHOTO
Les spécialistes de la course sur route en recherche d’« un break sur le chrono avec un défi à part » ne sont pas les seuls à postuler à un dossard. « On a aussi des traileurs qui viennent sur route pour ce col mythique, des coureurs qui veulent du dénivelé sans faire de trail, des cyclistes qui ont monté le Ventoux 50 fois et veulent le faire une fois en courant, liste Bertrand Delhomme. Le public est hyper large mais il faut être un minimum entraîné. »
Les plus vaillants ont avalé les 21,6 km en 1h29’10 chez les hommes – Hassan Chahdi en 2024 – et 1h48’05 chez les femmes – Anaïs Quemener en 2023. Pour les moins rapides, il faudra rejoindre le sommet du Ventoux en 3h40 et être passés au chalet Reynard, au KM15, en moins de 2h30 sous peine d’un retrait de dossard. Et ce « pour des raisons de sécurité liées au timing de reprise de la circulation sur la D974 », indique l’organisation. En 2024, seuls douze coureurs et coureuses ont été hors délai sur les 1.078 au départ, et six ont abandonné. Malgré ce statut de « semi-marathon le plus difficile d’Europe », moins de 2 % n’arrivent donc pas au sommet.