Un chauffeur VTC est accusé de violences avec arme pour avoir foncé sur plusieurs chauffeurs de taxi avec sa voiture en marge d’une manifestation dans le centre-ville de Marseille. Il avait pris la fuite avant de se rendre au commissariat de police.

Les images avaient fait le tour des réseaux sociaux, relayés notamment par le député LFI des quartiers nord de Marseille Sébastien Delogu, lui-même chauffeur de taxi de profession, qui avait dénoncé «une agression d’une violence inouïe». En mai dernier, en marge d’une manifestation de taxis dans le centre-ville de Marseille, plusieurs d’entre eux avaient été blessés par un chauffeur VTC qui les avait renversés à l’extrémité du cours Lieutaud dans le 6e arrondissement de la cité phocéenne.

L’homme avait ensuite pris la fuite, avant de se rendre finalement au commissariat de police. Lundi, il comparaîtra à 14 heures devant la 12e chambre du tribunal correctionnel de Marseille. Sur le banc des parties civiles se trouvent trois chauffeurs de taxi qui participaient à la manifestation ce jour-là. Le plus lourdement blessé des trois, un chauffeur de taxi de 33 ans, a été atteint aux cervicales, à l’épaule et aux jambes, pour une interruption totale de travail (ITT) de 21 jours.


Passer la publicité

Le second, un homme de 41 ans également chauffeur de taxi, a été blessé notamment à l’épaule gauche, au genou gauche et souffre d’une fracture dentaire, pour une ITT de 10 jours. Âgée de 37 ans, la troisième victime, compagne du taxi âgé de 31 ans, entend faire valoir devant le tribunal son préjudice psychologique. «Mes clients attendent d’être reconnus comme victime à la hauteur de la gravité des faits», insiste l’avocat des parties civiles, Me Marc-André Ceccaldi.

Jets d’œuf

L’incident s’était produit alors que le chauffeur VTC avait reçu des jets d’œuf. «Mon client s’est senti agressé et menacé, rapporte Me Philippe Chaudon, l’avocat de ce dernier. Il s’est retrouvé là complètement par hasard. Il venait de poser des clients à la fin d’une course. Il a entendu que des manifestants disaient : “On va se le faire” (sic). Il a reçu des œufs sur sa voiture et sur son visage car la vitre était ouverte. Ensuite, il a été pris de panique et de peur. Mais il n’y a aucune animosité d’une profession par rapport à une autre.»

«Tous les éléments montrent qu’il y avait une intention d’attenter à ceux qu’il avait estimé être le groupe de lanceurs d’œufs, rétorque Me Marc-André Ceccaldi. Mais il n’était pas dans une posture de défense. Il était entouré de policiers de partout. Il a dirigé ses roues vers mes clients, donc ce n’est pas une maladresse. Et ensuite, il a pris la fuite.»

Selon l’avocat des victimes, le prévenu a même tenté d’effacer les preuves de son geste. «Juste après les faits, il est vite allé faire réparer sa voiture chez un carrossier, rapporte Me Ceccaldi. Il y a une volonté de camoufler les choses, ce qui est la preuve de la conscience d’un geste qui n’est pas qu’un accident de la route dû à une mauvaise maîtrise du véhicule.» Le chauffeur Uber a déjà plusieurs condamnations à son casier pour des faits anciens relatifs à des affaires de vols et d’escroquerie selon Me Ceccaldi.

«Et la propriété de son véhicule demeure assez incertaine, poursuit l’avocat. Son compte Uber aurait été bloqué, de sorte que son aptitude à faire du transport professionnel est discutable.» «Mon client est complètement abattu et désolé, affirme Me Chaudon. Il est dans une position de remords et suit un psychologue depuis les faits. C’est un homme qui est chauffeur VTC depuis une dizaine d’années et qui est très estimée au sein de cette communauté.» Le prévenu encourt jusqu’à cinq ans de prison.