Le 2 juillet, les autorités iraniennes ont annoncé l’inculpation de Cécile Kohler, 40 ans, et son compagnon, Jacques Paris, 72 ans, pour “espionnage au profit du Mossad”, le service de renseignement extérieur israélien. Arrêté en 2022, lors d’un voyage touristique, le couple est désormais poursuivi pour “corruption sur Terre” – un chef d’accusation utilisé notamment contre les opposants lors du soulèvement “Femme, vie, liberté” – ainsi que pour “complot pour renverser le régime”. Des accusations passibles de la peine de mort en Iran, rapportent, jeudi 3 juillet, plusieurs médias iraniens en exil.
Pour Maziar Bahari, journaliste iranien fondateur d’IranWire, site d’information iranien installé à Londres, les deux Français seraient les victimes collatérales d’un régime en crise : “Depuis le déclenchement de la guerre des 12 jours contre Israël, le 13 juin [et les frappes israéliennes], le gouvernement iranien a découvert avec effarement le niveau d’infiltration de ses services par des agents israéliens”, explique le journaliste à Courrier international. Mais “faute de solution au problème d’infiltration [étrangère]”, Téhéran aurait récemment “durci les peines encourues par les personnes inculpées pour espionnage”.
Que peut obtenir le régime iranien de la France ?
C’est dans ce contexte que les noms de Jacques Paris et Cécile Kohler réapparaissent. “Auparavant, seule l’accusation générale d’espionnage avait été retenue contre eux, mais [cette fois], ils ont été spécifiquement accusés de travailler pour le Mossad”, précise d’ailleurs un article d’IranWire. Selon son fondateur, les deux Français “sont emprisonnés dans le but d’obtenir quelque chose du gouvernement français” et servent ainsi “de monnaies d’échange” au régime iranien.
Qu’est-ce que le régime iranien cherche à obtenir de la France ? “Peut-être un échange contre un Iranien détenu en France, peut-être une contrepartie financière, ou bien un contrat…”, énumère Maziar Bahari. Pour le journaliste l’inculpation de Cécile Kohler et Jacques Paris n’est “ni plus ni moins une prise d’otage”. Il rappelle en outre que leur situation n’est pas une première : “Bien d’autres avant eux ont été accusés d’espionnage et condamnés à des peines très lourdes”. Mais une note d’espoir : tous ont fini par être libérés.