Bien que l’aval officiel de LFI ne puisse pas tomber avant la rentrée, calendrier national du parti oblige. Pour ce qui concerne EELV, le PC, Place Publique, le PS et l’association Saint-Chamond pour tous, c’est officiel : ils feront liste commune pour tenter de prendre la mairie couramiaude. Une union à la largeur inédite qui lui accorde probablement des chances au regard du contexte côté sortant… « Saint-Chamond, verte et solidaire, pour une ville apaisée et vivante » aura pour tête l’élu d’opposition écologiste Jean Minnaert.  

Lors de ma présentation de cette union le 20 juin dernier à Saint-Chamond. ©If Médias / Xavier Alix

La seconde ville la plus peuplée de la Loire va-t-elle basculer à gauche ? Les planètes semblent en tout cas aussi bien – voire davantage -, alignées pour elle qu’en 2008. Il y a 17 ans, l’élection du socialiste Philippe Kizirian à la tête d’une liste gauche plurielle mais pas complète – sans les écologistes menés par Jean Minnaert, éliminés au 1er tour – marque une parenthèse de 6 ans à 30 années cumulées de gestion par la droite et le centre droite, de 1989 jusqu’à aujourd’hui. En 2008, la droite et le centre droit sortants avaient fracassé leur union traditionnelle et divisé leur poids : deux listes totalisant plus de 60 % des voix exprimées au premier comme au second round tandis que le vainqueur émergeait de la mêlée à 36 %…

Autre contexte, autre temps, autres raisons mais conséquence potentiellement identique : la majorité actuelle s’est, elle aussi, divisée et l’ex adjoint Jean-Luc Degraix est officiellement à la tête d’une liste tandis que la candidature à sa succession de son nouveau puis ex maire, Axel Dugua ne fait aucun doute. Il faut ajouter au paysage la probable présence de l’extrême droite, absente en 2008… Le scenario de 2014 dément le bégaiement obligatoire de 2008 mais si Emmanuel Mandon, qualifié pour le 2e tour, ne s’était pas retiré, Hervé Reynaud avait des chances de ne pas être réélu. Lui et sa liste avaient, en revanche, écrasé l’élection il y a 5 ans, avec plus de 58 % réalisé dès le 1er tour mais… sans concurrence du même bord.

Liste « Saint-Chamond, verte et solidaire »

Pour 2026, celui opposé en tout cas fera parfaitement bloc bien que « leur division (celle issue de la majorité) ne les intéresse pas ». Le 20 juin, les représentants, encartés ou non de « Saint-Chamond, verte et solidaire, pour une ville apaisée et vivante » ont organisé une conférence de presse pour l’annoncer. EELV, le PC, Place Publique, le PS et l’association Saint-Chamond pour tous (qui avait porté une liste comptant Stéphane Valette, du PS en tête mais composée pour beaucoup de sans étiquettes), ont officiellement annoncé leur union à la suite de discussions entamées en janvier dernier, déroulées selon leurs dires sans accroc. LFI en était et sera très probablement de la partie mais n’a pas encore officialisé sa présence par respect pour le calendrier des décisions fixés au niveau national. Le feu vert est attendu pour la rentrée.

C’est le conseiller d’opposition municipal d’opposition écologiste Jean Minnaert, cadre éducatif, 61 ans, « militant depuis les années 80 » qui conduira cette liste d’union. La répartition des 38 autres membres suivra évidemment un équilibre, au-delà d’une parité qui est de toute façon une obligation. On sait déjà que Nathalie Champalle (PS) sera en seconde position et Julien Giraudo (PC, directeur de cabinet du maire de Rive-de-Gier), troisième. La formation rapide de cette union large – jusqu’à l’intégration de Place Publique qui suscite souvent l’hostilité du côté le plus à gauche, comme à Saint-Etienne… – contraste avec la situation stéphanoise, toujours en négociations (certes, nous ne sommes encore à 9 mois du scrutin) même si évidemment, l’enjeu de la capitale de la Loire attire davantage l’attention des partis nationaux ainsi que les ambitions des personnalités locales. Mais il s’agit tout de même de la plus grande ville du département – et de très loin, excepté Roanne – en population.

Une ville « profondément divisée »

« Il faut dire que sans être systématiquement d’accord sur tout, nous n’avons jamais été en conflit. Nos positions sont très souvent communes et nous préparons très régulièrement des dossiers ensemble », note Christiane Marquet-Massardier (de Place Publique), actuelle élue d’opposition. « Cette union est une première, ajoute J. Minnaert. Mais nous avons déjà appris à travailler ensemble et peu importe les débats nationaux de nos partis, surtout que tout le monde n’en a pas : nos valeurs de gauche restent communes et voulons les faire gagner. Nous restons ouverts à d’autres formations d’ailleurs y compris LO, comme le parti l’avait fait en 2008 oui s’ils adhèrent à ce que nous voulons faire. » Ce programme reste bien sûr en cours d’élaboration. Il part toutefois d’un diagnostic : « Après deux mandats enchaînés par la droite, la ville est dans la stagnation, voire pire, estime J. Minnaert. On ne comprend pour qui cette majorité agit exactement comme l’illustre la dispendieuse rénovation de l’Hôtel Dieu pour un bienfait peu évident. »  

Après deux mandats enchaînés par la droite, la ville est dans la stagnation, voire pire.

Jean Minnaert, élu d’opposition EELV et tête de liste de la gauche

Saint-Chamond se trouve, selon l’union de la gauche dans une situation de « profonde division » provoquée par ce gestion et accentuée par « une extrême droite qui se plaît à monter les uns contre les autres. C’est pour cela que nous parlons d’apaiser la ville. Cela passera par donner véritablement des réponses, non apportées, aux enjeux socio-environnementaux : qui peut, par exemple, de nos jours réellement se déplacer sereinement dans cette commune via des modes doux – à pied, en vélo – ? La rénovation des places fait toujours autant de place au stationnement. Idem quand on parle de santé, avec toujours moins d’accès : la maison médicale part pour L’Horme et oui, une municipalité peut agir là-dessus en faisant tout pour offrir des bâtiments adéquats à l’ARS. »

Une logique d’attractivité jugée illusoire

 « Saint-Chamond, verte et solidaire » estime aussi qu’il est temps d’établir une démocratie directe, une consultation de la population et des expertises qu’elle porte. Ce qui est mis en œuvre à ce niveau ne trouvant pas grâce à ses yeux : « L’opération Saint-Chamond, Horizon 2035 est un échec coûteux avec très peu de monde venu, une surreprésentation des retraités et de toute façon à visée électorale (ce dont se défend catégoriquement le maire Axel Dugua, Ndlr), analyse Christiane Marquet-Massardier. Les quelques personnes qui viennent à ce type de consultation ne sont pas représentatifs. Il faut faire en sorte que ce soit le cas pour avoir de la valeur en passant davantage par le biais des structures comme les centres sociaux. » Pour Jean Minnaert, s’il reconnaît la compétence d’Hervé Reynaud à défaut d’approuver ses choix, le costume est en revanche trop grand pour le maire actuel qu’il adoubé et « ce n’est pas une question d’âge ».

« Des finances saines ?  Certes, mais qui commencent à sérieusement dévisser », assure Jean Minnaert. Julien Giraudo estime que l’intérêt général est passé au second plan, à commencer par le pouvoir d’achat sur lequel « là aussi une municipalité peut agir, via ses tarifs par exemple au lieu d’appliquer une logique d’attractivité à tout prix jugée illusoire et au détriment des personnes déjà là. » A ce titre, l’union de la gauche s’oppose à l’idée d’extension « contre la volonté des habitants et au détriment de bonnes terres agricoles » de la zone Stelytec, en petite partie sur Saint-Chamond. Ou encore sur le projet du Scabb d’un complexe immobilier et de loisirs autour de l’Arena (nous reviendrons sur ce sujet faisant l’objet d’une opposition par un collectif). « L’urgence est à la végétalisation massive, ce qui n’empêche pas de se soucier de l’emploi mais de manière moins « cour-termiste » en aidant à développer davantage ce qui existe déjà » Du vert donc, bien combiné avec le rose et aussi le rouge.